Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1899, série 9, volume 15)

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NOTE A LA COMMISSION DU GRISOU

Dans une seconde série, on faisait détoner à l'air libre les cartouches ficelées en un seul paquet et placées sur une planche, dans une atmosphère chargée de poussières et contenant 8 à 8,25 p. 100 de grisou. Les cartouches étaient amorcées dans tous les cas avec des -détonateurs contenant 2 grammes de fulminate de mercure, et, après introduction du grisou, on mettait en suspension, dans la chambre d'expériences, 2 litres de poussières de charbon gras. Les colonnes 6 à9 du tableau ci-joint donnent les charges maxima qui n'ont pas produit d'inflammation en détonant

soit dans le mortier, soit à l'air libre. On voit que, sauf pour les explosifs brisants ordinaires, la charge limite est toujours plus faible dans les essais l'air libre que dans les essais au mortier. Ce résultat confirme bien les indications de la Commission française, qui considérait la détonation à l'air libre comme un critérium de la sécurité, plus rigoureux que le tirage au mortier; M. Heise donne cependant la préférence au tirage au mortier en raison de la fréquence des détonations incomplètes à l'air libre pouvant dérouter l'expérimentateur. M. Heise pense en effet que, en raison de la fixité du mortier et de sa résistance à la pression des gaz, la décomposition des explosifs y -est plus complète que dans la détonation à l'air libre, la matière pouvant être dans Ce it

cas projetée sans décomposition par la force de, l'explosion.

En fait, un certain nombre d'essais exécutés à l'air libre paraissent bien, d'après le bruit faible de l'explosion et l'odeur particulière des fumées, ,avoir donné. des.décompositions incomplètes, et les coups tirés dans Ces conditions

n'ont pas enflammé le grisou avec des charges relativement fortes; en sorte que, dans les essais à l'air libre, ce sont les explosifs qui ont la plus grande aptitude à la détonation qui SQ sont, en général, montrés les moins sûrs.

M. Heise a d'ailleurs fait une série d'expériences spé-

RECHERCHES CONCERNANT LES EXPLOSIFS DE SURETÉ

287 ciales pour trancher cette question. Il place sur une forte plaque de fer deux rondelles de plomb superposées de 40 millimètres -de diamètre et de 30 millimètres de hauteur. Sur le bloc supérieur, on dispose deux rondellesd'acier de même diamètre et d'une épaisseur de 4 millimètres, et, par dessus., la cartouche d'explosif à essayer entourée d'un tube en fer-blanc très mince. On fait détoner la cartouche; ainsi préparée et amorcée, dans un mélange explosif de grisou; l'enveloppe de fer-blanc est détruite, et la déformation des blocs de plomb permet, dans une certaine mesure, d'apprécier la force développée par l'explosif, qui se trouve dans des conditions sensiblement les mêmes qu'a l'air libre. On constate ainsi que la gélatinedynamite par exemple qui, d'après les essais faits d'après la méthode de Trauzl (colonne 12 du tableau ci-joint), est sensiblement plus forte que la dynamite 'ordinaire, donne cependant, dans le mode d'essai précédent, un aplatissement des blocs de plomb moitié moindre que .celui qu'on obtient avec la dynamite ordinaire. M. Heise explique cette différence en admettant que la gélatine-dynamite ne détonne qu'incomplètement. Or, si l'on se reporte aux colonnes 8 et 9 du tableau, on voit que, tandis que dans les essais au mortier, -les charges limites n'ayant pas allumé le grisou sont sensiblement les mêmes pour ces deux explosifs, au contraire, dans les essais faits à l'air libre, la charge limite est trois fois plus forte pour la gélatine que pour la dynamite ; M. Heise en conclut que l'épreuve . l'air libre n'est pas de nature à donner le degré exact de sécurité des explosifs et est inférieure à l'essai fait au it

mortier.

Pour les autres explosifs comparés d'après la même méthode, les réSultats ont été beaucoup moins nets qu'avec les deux explosifs précités. La classification, au point de vue de la sécurité des explosifs essayés par M. Heise, ne diffère guère, en effet, que l'on prenne comme bases les