Annales des Mines (1899, série 9, volume 15)
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L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE
DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE
partir de cette date, que se développent rapidement de nombreuses usines, où l'on s'efforce de produire les matières.
premières que réclament les industries de transformation. Comme Sheffield en Angleterre, Saint-Étienne est, en. France, le premier centre de production des aciers fondus;
mais on ne se 'contente pas d'imiter les procédés anglais. inventés, en 1740, par Benjamin Huntsmann, on produit bientôtdes aciers fondus doux soudables, jusqu'alors. inconnus en Angleterre. Il n'est pas sans intérêt de rappeler, à propos de l'industrie métallurgique de Saint-Étienne, l'invention du procédé.
de fabrication de l'acier fondu au creuset (*). Depuis. plusieurs siècles, Sheffield- était célèbre par ses objets d'acier, en particulier par les articles, de cotellerie. (thwytels). Tous. les aciers étaient d'ailleurs également importés : ils venaient de Suède et d'Allemagne, en passant quelquefois par Newcastle-on-Tyne où se trouvaient plu-
sieurs fours de cémentation. Quelles que fussent leur qualité, leur finesse, ces 'aciers naturels ou cémentés étaient peu homogènes-, et, pour remédier à -ce. défaut qui le gênait dans la confection des ressorts, l'horloger Huntsmann eut l'idée de les rendre homogènes par fusion
au creuset. Établi d'abord à Doncaster, à 8 miles
de.
Sheffield, ensuite à Sheffield même -en 1740, il acquit bientôt une grande célébrité. Les produits obtenus étaient des aciers durs, non soudables ; les analySes faites sur des échantillons obtenus à cette époque accusent une teneur
en carbone de 1,4 p. 100 avec 0,17 'p. 100 de silicium et 0,18 p. 100 de Manganèse. Les teneurs en soufre et en phosphore sont respectivement 0,047 et 0,017 p. 100 (**).. (*) Gabriel JARS, Voilages inélallargigne.s, 1174 ;
LE PLAY, Mémoire
sur la fabrication de l'acier dans le Yorkshire (Ann. des Mines, 1843) ; LE PLAY, Mémoire sur la fabrication et le commerce des fers à aciers dans le Nord de l'Europe (Ana. des Mines, 1846). (**) Trans. of lite American Institille of mining Engineers, vol. XXIV:
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C'est surtout de la découverte d'Huntsmann que date le renom des aciers anglais ; soixante-quinze ans plus tard, la France applique à son tour les mêmes procédés et peut bientôt, elle aussi, produire des aciers des meilleures marques.
A Saint-Étienne, la fabrication de l'acier au creuset est suivie de l'application des méthodes anglaises pour là production de la fonte et du fer. Là, comme en Angleterre,
on dispose d'un combustible, le charbon de terre, dont l'application aux opérations métallurgiques donne les meilleurs résultats. Il suffit que l'impulsion soit donnée pour que les procédés de puddlage à la houille se dé ve.loppent rapidement ; bientôt mème on crée des hauts-
fourneaux pour produire directement la fonte dont les
usines d'affinage ont besoin. Les ingénieurs du Corps des mines, les professeurs de l'École des mines sont à la tête
du mouvement, qui prend immédiatement une grande extension.
A l'époque actuelle, quelques' hauts-fourneaux donnent encore dans la région de Saint-Étienne des résultats très satisfaisants ; mais la grande prospérité des usines de la Loire est surtout le fait de la perfection qu'elles apportent dans la fabrication des aciers fondus aux propriétés les plus diverses. Née de l'acier au creuset, l'industrie métallurgique de Saint-Étienne a toujours conservé quelque chose de son origine, et le soin qui préside à toutes les fabrications place à juste titre au premier rang les produits
à la Guerre, à la Marine et à toutes les
industries Les Les acierS fins, les a-ciers pour fabrications difficiles., ont toujours été la grande spécialité de Saint-Étienne ; on ne s'est pas tant préoccupé de produire en grande quantité que de perfectionner les produits ; aussi les métallurgistes éminents qui se sont succédé dans la direction des usine sont-ils connus plutôt par les études remarquables qu'ils