Annales des Mines (1899, série 9, volume 16)
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DES MINES DE GARDANNE A LA MER
CONSTRUCTION DE LA GALERIE SOUTERRAINE
il nous fallait prendre un parti : ou nous résigner laisser couler l'eau, tout en avançant, quitte à faire baisser la nappe ; mais nous n'étions pas en mesure d'affronter les responsabilités qui résulteraient de cet abaissement
de la nappe : c'était risquer de rendre aride toute un(, vaste contrée, et mieux eût. valu renoncer " à l'entreou essayer de cuveler, à mesure que nous prise ; avancerions, les fissures par lesquelles l'eau viendrait à sourdre. La théorie de M. Oppermann au sujet de la nappe d'eau
régnant dans les calcaires s'impose, et, partant de là, on pouvait penser que cuveler les premières fissures serait inutile, puisque l'on en rencontrerait quelques mètres plus loin de nouvelles en communication avec elles et rendant les cuvelages faits inefficaces, et qu'entreprendre de cuveler toutes les fissures rencontrées serait impossible à réaliser, à cause de la dépense et surtout de la perte de temps qui en résniterait. Cependant nous ne savions rien de la circulation de l'eau dans la masse calcaire. On pouvait espérer qu'a, là grande profondeur où on creusait la galerie, des calcaires compacts, comme ceux de l'Urgonien, d'origine coralligène, ou les calcaires marneux qui leur sont subordonnés, présenteraient peu de fissures et opposeraient une grande résistance au passage de l'eau dans leur masse serrée. Peut-être ne trouverait-, on de l'eau qu'en certains points singuliers, contacts de peut-être ces points singuterrains, failles, cavernes ; liers seraient-ils relativement rares, et dès lors disparaîtraient les impossibilités de dépenses en temps et argent? Dans la mine de Carmaux, à grande profondeur, j'avais vu de gros bancs de grès, dont l'affleurement était dans un cours d'eau, imprégnés d'eau, presque désagrégés,
mais
non ruisselants. Les calcaires plus compacts pouvaient n'être même pas mouillés.
383 D'ailleurs, nous ne pouvions laisser sans les cuveler immédiatement les premières fissures ouvertes, la galerie étant pour partie dans un terrain argileux, sujet à éboulement. Faute de décision, les cuvelages, possibles à l'heure présente, deviendraient impossibles ; l'eau ne pourrait plus être arrêtée, et la nappe baisserait avec le temps, l'avancement fût-il abandonné.
Puisque nous avions pénétré dans la masse calcaire aquifère, malgré les avertissements sur lé régime des eaux antérieurs à 1891 et qui n'avaient pas empêché d'entreprendre le creusement de la galerie, le seul parti raisonnable à prendre était donc de cuveler ces premières fissures, comprises entre 2.802,45 et 2.820,85; puis de pénétrer en plein dans le calcaire, où nous serions libres, et d'arrêter la galerie quand nous trouverions excessif le nombre de fissures à cuveler, et de nous défendre contre l'écoulement de l'eau de la nappe par l'établissement d'un bon serrement dans la roche solide. Il fallait se décider immédiatement à faire ce premier cuvelage avant d'aller plus loin, si on voulait le pouvoir faire, pour une autre raison pratique. Le débit de l'eau était .déjà de 12.500 litres. Or on sait que, pour être en état d'établir un cuvelage en un point d'une galerie, il faut pouvoir assécher tout le pourtour de celle-ci, au moins dans les sections où doivent être placées les trousses picotées dont nous parlerons plus loin. Pour cela faire, il est nécessaire d'édifier des batardeaux et de loger des caisses capables de débiter toute la venue dans la galerie, déjà de section fort réduite, où circulent des ouvriers et où on doit manoeuvrer des pièces lourdes et volumineuses.
Il y a donc nn débit d'eau limite au-delà duquel, dans une galerie de la section de la nôtre, il devient impossible de mettre en place les trousses picotées. Celles-ci ne peuvent, d'ailleurs, être utilement serrées que. contre un