Annales des Mines (1899, série 9, volume 16)
Page : Image 283
Révision de 30 janv. 2015 07:10:59, edited by Anonymes
SUR L'EMPLOI DES EXPLOSIFS DE SURETÉ
558 RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DU GRISOU
§ 2. - STATISTIQUE DES ACCIDENTS.
Au point de vue de la sécurité, il y a deux points à examiner, à savoir, d'un côté, le danger de l'inflammation du grisou et, de l'autre, celui du maniement .des explosifs. Les statistiques officielles annuelles ont relevé 48 inflam-
mations de grisou suivies d'accidents de personnes de 1891 à 1897, c'est-à-dire depuis le moment de l'introduction des explosifs de sûreté dans la pratique deL mines grisouteuses ; et, sur ces 48 inflammations, 7 sont réputées avoir été produites par l'emploi des explosifs. C'est une proportion_ de 14,5 p. 100 du total des inflammations qui, par une rencontre simplement fortuite à com, sûr, est justement la proportion de 14,3 p. 100, à laquelle
M. Lallemand était arrivé pour _tous les accidents survenus en France de 1812 à 1884 (Annales des Mines, 1886, 8' série, t. X, p. 521). Si donc, en apparence, on ne peut pas dire que l'introduction des explosifs de sûreté ait diminué, sur le total des inflammations, la proportion des accidents dus spécia-
559
produit par les explosifs de sûreté qu'on aurait relevé en France. Ce fait ne repose, il est vrai, que sur des témoignages d'ouvriers qui, par suite de circonstances spéciales, n'ont pu être recueillis que plus d'un an seulement après l'incident.
Par contre, on a signalé par trois fois à Blanzy, à Lalle et à la Grand'Combe, des combustions de fonds de trous
chargés à la grisounite Favier, qu'on a trouvés brûlant avec flammes, dans le charbon, lorsqu'on est revenu au chantier après le temps normal, les coups tirés.
La statistique comparée des accidents dus à l'emploi même des explosifs, dont l'Administration avait prié les Ingénieurs de se préoccuper d'une façon spéciale, n'a pas donné de résultats concluants et probants. A priori, ou par des considérations théoriques, on a bien pu soutenir 'des thèses dont le côté douteux résulte dé leurs contradictions mêmes. À posteriori, ce qui eût été plus démonstratif, on n'a pas pu produire de statistiques qui fussent concluantes dans un sens ou dans l'autre et par là s'explique la diversité des opinions émises.
On a bien dit que l'on devait admettre a priori la proportionnalité entre le nombre des accidents et le nombre ou la longueur des coups. A quoi on a répliqué que le
lement à cette cause, il faut remarquer et retenir, pour y revenir plus tard, que des 7 inflammations constatées de 1891 à 1897 toutes _proviennent de la mèche et notamment de ses projections à l'allumage. En dehors des inflammations suivies d'accidents de
était bien plus complexe ; qu'il fallait tenir compte de la nature propre de l'explosif, de l'habileté professionnelle des ouvriers, de leur discipline et de la
personnes, qui sont seules retenues par la statistique officielle, l'enquête a signalé trois faits particuliers qui
nieurs de divers districts donnent la préférence aux
problème
surveillance exercée sur eux. Aussi, tandis que les Ingé-
méritent d'être mentionnés Les exploitants des mines de. Blanzy et le service local
explosifs détonants, et parfois, sans distinguer entre leurs
ont été amenés à penser que, en septembre 1896, il y aurait eu à ces mines une inflammation de grisou, non
poudre noire.
suivie d'accident de personnes, qui aurait été franchement
produite par un coup de mine au charbon chargé à la grisounite Favier. ,Ce serait le seul cas d'inflammation
différents
genres, ailleurs on conclut en faveur de la
En l'absence de toute statistique qui puisse être tenue comme probante, il semble bien qu'actuellement on doive tenir la question pour douteuse. En tout cas, rien n'établit d'une façon qui s'impose que les explosifs de sûreté