Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1900, série 9, volume 17)

BASSIN HOUILLER DU GARD

588

ÉTUDES SUR LES BASSINS HOUILLERS

épaisseurs croissent jusqu'au bord actuel, parce (pie ce bord, créé par la dénudation, est encore sans doute très éloigné du bord vrai, reporté vers le nord, et nous voyons seulement que le maximum d'épaisseur des sédiments se produirait au nord du maximum d'épaisseur de la houille, ce qui est tout naturel, le dépôt de l'alluvion grossière devant se faire avant celui de l'alluvion végétale. M. Grand'Eury a expliqué les mêmes faits, c'est-à-dire la décroissance des sédiments de l'étage inférieur vers le nord, comparée à l'augmentation de puissance dans l'étage supérieur dans la même direction, par la différence de nature et de provenance de ces sédiments; selon lui, ceux de l'étage inférieur, feldspathiques, devaient venir du sud, et ceux de l'étage supérieur, quartzo-micacés, devaient venir du nord. Je n'ai jamais bien pu m'assimiler les arguments et les conclusions tirées par M. Grand' Eury de la répartition de ces deux sortes de sédiments; mais en tout cas, dans l'exemple actuel, je ne crois pas qu'il y ait lieu d'y avoir recours pour expliquer la diffé-* rence constatée ; un simple recul des lignes de rivage vers le nord me semble suffisante! bien plus satisfaisant pour l'esprit. On voit ainsi que l'application de la même explication, aux phénomènes constatés dans les deux étages, nous conduit aune nouvelle hypothèse, au moins très vraisemblable : au fur et à mesure que les bords de la lagune se déplaçaient vers le nord, son centre, ou au moins sa ligne de plus grande profondeur, se déplaçait dans la même direction. La loi simple ainsi proposée groupe trop complètement et trop rationnellement tous les faits observés, pour qu'on ne se croie pas autorisé à l'appliquer à la prévision de ce qui se passe pour les couches plus inférieures du sondage Ricard et des Ouïes. Au moment de leur dépôt, les bords de la lagune devaient être moins avancés vers le nord, et son centre encore au

589

sud de Ricard. Comme, de plus, la cuvette du dépôt était dirigé*; de la même manière et avait le même axe que celle des dépôts plus récents, cette simple remarque suffit pour prévoir; à très peu près, tous les détails de leur distribution. Les couches du sondage Ricard doivent conserver leur puissance niaxima, de 18 mètres environ, sur toute la surface d'une ellipse, dont le grand axe irait.de Ricard à la Grand'Combe; la puissance au Pradel, de 10 mètres environ, se répartit sur une nouvelle ellipse excentrique', qui passe au nord du puits des Ouïes, tandis que sa moitié opposée suit de plus près le vallon de la Grand'Combe. Les couches doivent rapidement se réduire et se schistifier au nord-est de Palmesalade, mais s'étendre probablement assez loin dans la direction de Trescol et de la Levât le. En tout cas, les couches en sont continues sous toute la montagne Sainte-Barbe, et si l'accident du col Malpertus les a affectées, ce n'est que dans les parties aujourd'hui enlevées par la dénudation. Les coupes successives perpendiculaires à l'accident du col Malpertus montrent nettement les prévisions qu'on peut faire sur leur allure (Pl. X, fig. 2, et Pl. XI, fig. 1). Il est naturel de supposer que l'axe de la cuvette de sédimentation devait se prolonger à peu près parallèlement à la barrière cpii avait arrêté les eaux pendant la période précédente, c'est-à-dire à la crête du Rouvergue prolongée de la manière que nous avons indiquée plus haut. C'est donc du côté de Gravelonge que les couches du sondage Ricard auraient le plus de chances de se continuer à l'ouest avec une notable épaisseur. Il importe de compléter cette étude sur la variation des épaisseurs des couches par celle des variations de leurs teneurs en matières volatiles; cette dernière mène aussi à des résultats très nets et très intéressants. Les houilles de Portes sont grasses : le charbon de la couche supérieure (la Blachère) est même à longue flamme ;