Annales des Mines (1900, série 9, volume 17)
Page : Image 341
Révision de 30 janv. 2015 18:50:08, edited by Anonymes
676
LE
GISEMENT DE
CERRO
DE
PASCO
pour supporter les frais élevés de transport et de vente en Europe, c'est-à-dire celui d'une teneur minimum de 25 à 30 p. 100. Ce minerai riche forme, au milieu de la niasse totale, des amas irréguliers de dimensions très diverses, isolés les uns des autres ou bien réunis entre eux, des filets, des veines plus ou moins importantes . Comme il ne diffère que fort peu, à la vue, du minerai ordinaire, et que, d'ailleurs, l'apparence est souvent trompeuse, on fait des prises d'essai et des analyses constantes afin de pouvoir diriger convenablement le travail d'exploitation. Le minerai de teneur insuffisante, qu'on est obligé d'abattre pour pouvoir enlever l'autre, est abandonné dans les travaux, sauf la petite quantité absorbée par les quelques fours de fusion pour matte qu'on a récemment installés au Cerro. La production actuelle en minerais de cuivre de toute espèce est de 2.500 tonnes par mois environ. On exporte en minerais riches de 12 à 1.500 tonnes. Depuis le début, il a été exporté entre 15 et 18.000 tonnes d'une teneur moyenne de 30 à 35 p. 100 de cuivre. La matte produite au Cerro est obtenue en une seule fusion ; elle a une teneur en inétal de 50 à 60 p. 100. La production totale n'atteint que 3 à 4 tonnes par jour. On se sert de fours à réverbère pour la fabriquer. Le passage des « pacos » aux minerais de cuivre se fait en général brusquement, sans transition d'aucune sorte. Dans les mines où se rencontrent des minerais oxydés, ceux-ci, qui se trouvent le plus souvent à un niveau supérieur, constituent bien une sorte de terme intermédiaire ; mais ordinairement les « pacos » arrivent directement au contact soit de « métal nègre » , soit de masses inaltérées de pyrite ou de galène plus ou moins chargées de sulfures cuivreux, au-dessous desquelles on trouve quelquefois et d'autres fois pas les minerais noirs. D'autres fois,, le « métal nègre » et le « métal de color » sont
LE GISEMENT DE
CERRO
DE PASCO
677
mélangés ensemble et nettement distincts des « pacos » qui les surmontent. Dans les mines où on a pénétré le plus profondément au milieu de ces minerais de cuivre, soit à une cinquantaine de mètres au-dessous de la surface, on a souvent constaté l'apparition des sulfures ordinaires en profondeur. Exploitation. — L'exploitation des minerais de cuivre au Cerro ne rencontre pas d'aussi grandes difficultés qu'on pourrait le penser, du fait de l'état déplorable où se trouve, dans son ensemble, la partie supérieure du gisement, parce que les masses qu'ils constituent avaient été laissées de côté par les anciens mineurs, qui ne savaient pas extraire l'argent de ces combinaisons complexes. Malheureusement les procédés d'exploitation n'ont pas changé ; de sorte que l'extraction deviendra promptement de plus en plus difficile et qu'on ne pourra certainement pas enlevertout ce qui serait utilisable. Il est vrai, d'ailleurs, qu'il serait à coup sûr impossible d'exploiter d'une manière régulière, à l'européenne, car ces masses de minerai ne sont, en somme, que des parties relativement petites d'un gisement perforé en tous sens, rempli d'excavations inconnues, d'éboulements, et d'anciens travaux dont il n'existe aucun plan, dans lequel, par conséquent, on ne pourrait percer de galeries régulières ni creuser des puits. Le travail souterrain au Cerro du Pasco est toujours payé à la tâche. Les ouvriers mineurs proprement dits, ou « barreteros », reçoivent tant par « cajon », c'est-àdire par 30 quintaux espagnols (de 46 kilogrammes) de minerai extrait et mesuré sur le carreau de la mine . Le prix du « cajon » varie naturellement en raison du plus ou moins de facilité de l'abatage, de la distance du chantier à la surface, de la difficulté du chemin à parcourir jusqu'au jour; car le « barretero » prend à sa