Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1900, série 9, volume 18)

258

NOTE SDR LA LEGISLATION DES MINES EN CHINE

pour les patrons ; mais le défaut de fixité des mesures chinoises permet à l'acheteur l'emploi d'une balance spéciale qui majore généralement de 12 à 15 p. 100 les poids en usage dans la région. Enfin, pour terminer ce qui concerne les relations des exploitants chinois avec le public, il est à signaler que, d'une manière absolument générale, tout patron, exploitant ou propriétaire, est, en Chine, entièrement responsable des accidents de personne qui surviennent dans son exploitation, ou même extérieurement à son exploitation, mais comme conséquence de son entreprise. L'excuse de cas fortuit ou d'imprudence de la victime n'existe ni dans les coutumes ni dans la loi chinoise. Tout ouvrier ou employé appartient à sa famille, qui ne manque pas de réclamer des dommagesintérêts au patron qui n'est pas en mesure de le lui rendre intact. L'usage chinois à cet égard dégénère souvent en un véritable système de chantage facilement applicable aux étrangers. Relations des exploitants avec l 'Administration chinoise. — Le rôle de l'Administration chinoise dans l'exploitation des mines se réduit toujours à une action fiscale exercée sur le Syndicat investi du monopole de la vente des produits et ne revêt jamais aucun caractère technique. Les redevances perçues par l'intermédiaire de ce Syndicat revêtent des formes très complexes etvariables suivantles régions ; on peut en trouver des exemples dans le rapport de M. Duclos, inséré dans les Comptes Rendus de laMksion Lyonnaise. En totalisant dans iliaque cas particulier toutes ces redevances, jointes aux indemnités payées aux propriétaires pour l'occupation des terrains; en y ajoutant les écarts de pesées, fréquents dans le cas des minerais de cuivre, on arrive à des résultats dont la remarquable uniformité n'est que la conséquence du nivellement complet des conditions qui caractérisent la Chine. On constate ainsi

NOTE SDR LA LÉGISLATION DES MINES EN CHINE

259

que tous les produits de l'exploitation des mines sont grevés à peu près uniformément d'une charge qu'on peut évaluer entre 25 et 30 p. 100 du total du montant de l'extraction brute. Cet ensemble écrasant d'impôts, corrélatif des frais généraux considérables qu'entraîne l'extraordinaire dissémination dos chantiers, suffit à expliquer l'état actuel de l'industrie minière chinoise. Il est cependant certain que la population tout entière reconnaît la supériorité des procédés industriels d'Europe et désire s'en approprier les avantages. Mais elle croit pouvoir se dispenser de toute espèce d'éducation nouvelle. Dans chacun des progrès, souvent récents, accomplis en Europe, les Chinois reconnaissent l'application des principes qu'ils croient, à tort ou à raison, posséder depuis l'antiquité la plus reculée ; mais ils restent incapables d'analyser les éléments divers qui peuvent seuls assurer le succès d'une entreprise fondée sur l'application de ces principes. On les voit souvent supprimer, dans l'évaluation des prix de revient, tantôt certaines dépenses de maind'œuvre, tantôt toutes les considérations fondées sur le roulement plus ou moins rapide des capitaux engagés. Ces erreurs sont la conséquence d'une éducation stérilisante qui empêchera pendant longtemps encore la population chinoise d'acquérir de véritables capacités techniques d'un degré un peu élevé. Le contact avec l'industrie européenne, qui a pris une extension considérable dans les villes ouvertes, n'a pas donné jusqu'ici au peuple chinois les idées générales qui lui manquent, et entretient, au contraire, dans l'intérieur du pays, des opinions hostiles qui ne sont pas de nature à faciliter la pénétration européenne. Il n'a guère abouti jusqu'à présent qu'à donner aux mandarins la conviction qu'il leur suffirait d'acheter nos machines les plus compliquées pour obtenir, sans le concours des Européens, les résultats les plus grandioses. Cependant la population ouvrière présente des ressources