Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)

130

NOTE SUR LE MINERAI DE FER CARBONATE

carbonate dans leur concession. Mais, sur notre invitation, ils reprirent des échantillons et refirent des analyses qui vinrent absolument confirmer nos déductions. Les échantillons recueillis autrefois et déposés dans la collection de l'École des Mines n'étaient donc pas des. minerais oxydés de /'époque tertiaire, mais des morceaux provenant d'une partie de l'affleurement de carbonate imparfaitement transformé en hématite, par les actions atmosphériques. Celles-ci attaquent en effet le carbonate d'une façon très irrégulière, suivant les endroits; elles profitent de foules les fissures, de toutes les porosités, pour pénétrer dans le carbonate et le transformer ; mais elles respectent les parties dures et compactes. C'est ainsi que, dans les masses de carbonate de fer cristallin qui, dans la région de Bilbao, se trouvent sous le rubio (limonite), on voit souvent les plus fines fissures, ayant permis une infiltration d'eau et d'air, marquées par une transformation du carbonate en rubio sur une épaisseur qui, parfois, n'est que de quelques millimètres pour chacune des parois de la fissure. Les anciens exploitants de La Ferrière rencontraient donc souvent, dans leurs fouilles au dessous, à côté, ou même au milieu des hématites qu'ils recherchaient seules, des parties de minerai incomplètement transformées et renfermant encore du carbonate. Lorsque la proportion de carbonate était un peu forte, ils les laissaient de côté ou les jetaient aux déblais. Ils leur avaient même donné un nom particulier, celui de salards, qui est resté dans la tradition des anciens du pays, ayant encore vu les dernières de ces exploitations. Les échantillons de l'École des Mines provenaient, à notre avis, des affleurements de la couche carbonatée silurienne et n'étaient même, pour la plupart, que de ces salards.

DE NORMANDIE

131

Pour élucider la question, nous demandâmes l'autorisation, qui nous fût très aimablement donnée, de prendre, pour en faire l'analyse, un morceau d'un de ces échantillons. Or les résultats de l'analyse faite au laboratoire de l'usine de Denain sur le minerai desséché à 100° furent les suivants, absolument conformes à nos prévisions. Eau de combinaison et matières organiques Acide carbonique Silice Alumine Chaux Magnésie Protoxyde de fer Peroxyde de fer Oxyde rouge de manganèse Acide pliosphorique

3.47 13.80 14-80 2.61 2.90 0.b8 27.59 30.66 0.21

IM 99.58

Cet échantillon, dont la teneur totale en fer est de 42,93 p. 100, se trouve contenir 36,06 p. 100 de carbonate de protoxyde de fer et 30,66 p. 100 de peroxyde de fer. Le carbonate de fer y domine; c'est donc bien un salard se rattachant à la formation silurienne, et non une hématite de l'époque tertiaire. Nous ajouterons même que ce salard, par sa composition, semble provenir de 1 altération par les agents atmosphériques du banc de carbonate le plus voisin du toit de la couche, banc qui est le plus siliceux et semble former un intermédiaire entre la bonne partie de la couche et les schistes imprégnés de fer qui la surmontent et commencent la série des schistes à calymènes. Le doute ne nous paraissant plus possible, nous croyons pouvoir résumer comme suit le résultat des travaux de la Société de Denain, en ce qui concerne la constitution géologique de la région de La Ferrière-aux-Étangs^