Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)

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NOTE SUR LES GISEMENTS DE TIPUANI

en radeau; une flore et une faune toutes nouvelles, tel est le spectacle incessamment varié, nouveau et merveilleux, qui s'offre aux yeux du voyageur, pénétrant pour la première fois dans ces solitudes grandioses et à peu près inconnues. Le rio de Tipuani (voir Pl. III) descend des flancs de l'un des plus hauts sommets de la Cordillère, lTllampu; et l'on ne peut pénétrer dans la vallée où il coule qu'en franchissant un col à 4.620 mètres d'altitude. Pour arriver au point appelé Tipuani, il faut suivre constamment le cours de la rivière et descendre à 600 mètres d'altitude; On passe ainsi par tous les intermédiaires du climat et de la végétation. Après un froid très vif éprouvé en pénétrant dans la vallée, la chaleur devient tropicale à Tipuani. Là, les pluies, en été, sont à peu près constantes; le climat est sain sur les hauteurs, au voisinage de la rivière, et à 400 ou 500 mètres au-dessus de son lit; mais, sur ses rives mêmes, on contracte facilement une fièvre, connue en Bolivie sous le nom de TerliancÊ c'est en effet une fièvre intermittente, dont il est assez difficile de se guérir; mais il y a lieu de constater qu'avec une bonne hygiène, en prenant soin de ne pas coucher sur le sol, et surtout de ne pas se refroidir, car les nuits sont très fraîches, on l'évite facilement. Cependant, au point où sont les gisements de Tuanani, à 300 mètres au-dessus du lit de la rivière, il n'y a aucun danger. Quant aux chemins, dans ces parages, il n'en existe aucun; pas plus, d'ailleurs, que dans presque toute la Bolivie ; on ne peut s'engager dans cette vallée dôi Tipuani que par un très mauvais sentier, où les mules mêmes ne peuvent passer avec une charge quelconque. C'est là un des gros obstacles au développement de l'industrie minière dans ces régions, et la construction d'un chemin est au nombre des premiers travaux qu'on entreprendra avant d'exploiter ces gisements, extrè-

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moment riches, ainsi que nous le montrerons plus loin. Quelque concision que nous désirions apporter dans ce rapide aperçu sur la Bolivie, nous ne saurions nous dispenser de dire quelques mots- de ses habitants. Ils sont fort peu nombreux, eu égard à l'étendue du territoire ; la population est, en outre, peu homogène; on y peut distinguer trois éléments bien tranchés, mais ayant pourtant de nombreuses affinités. C'est, en premier lieu, l'élément indien, représenté par les descendants des anciens habitants de l'Amérique du Sud. On distingue deux races bien caractérisées, parlant chacune un idiome différent. L'une est la race Quechua; c'est la plus nombreuse, et elle constitue à elle seule presque la moitié de la population de la Bolivie. Ces Indiens sont de même race que ceux du Pérou, de même origine que ceux qui ont fondé la civilisation indienne, connue sous le nom de civilisation des Incas, disparue depuis la conquête espagnole, au point qu'on en retrouve à peine quelques traces aujourd'hui. L'autre race, qui constitue le quart environ de la population bolivienne, se trouve concentrée surtout dans le département de La Paz ; c'est la race Aymara ; elle a un idiome spécial. Ce second type d'Indien est laid, petit, d'apparence grêle et pourtant très résistant; au moral, il est à la fois audacieux et lâche, orgueilleux et soumis, sérieux et gai, d'une grande naïveté au fond, mais tempérée par une excessive méfiance. Ces Indiens, enclins au vol, mais très superstitieux, se laissent facilement dépouiller par les sorciers. Au point de vue économique, leur grande qualité est la résistance à la fatigue et aux intempéries ; ils peuvent faire de 30 à 40 kilomètres par jour, à pied, portant de lourdes charges, pesant jus9U a 35 kilogrammes, par tous les temps et dans toutes les régions, accidentées ou non. Ce sont de véritables bêtes de somme, et une grande partie des transports