Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)

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de la région se font par eux. L'Indien est très sobre et vit de rien, un peu de niais grillé et quelques feuilles de coca, qu'il mâche constamment, suffisent à son alimentation pendant la route. Il mange aussi du Chu/ïo,. pomme de terre gelée, et de temps en temps un peu de Chalona, viande de mouton séché e au soleil. Mais, s'il mange peu, il a un vice déplorabl \ c'est une passion immodérée pour l'alcool; sa seule ambition est d'avoir quelque argent pour s'enivrer aux différentes l'êtes de l'année, et elles sont nombreuses; alors son ivresse dure des jours entiers. L'Indien, enfin, se suffit à lui-même. Lui-même il tisse les étoffes dont il se vêtit, fabrique des chapeaux de feutre, et la matière première lui est fournie par la laine du lama. Le lama est pour l'Indien la grande et l'unique ressource ; il en utilise la laine, l'emploie comme bête de somme et s'en nourrit après sa mort. L'état d'abaissement et d'abrutissement dans lequel se trouve l'Indien et le peu de besoins qu'il a à satisfaire, font qu'on l'emploie aux besognes les plus pénibles à, des prix dérisoires. C'est là, à notre avis, une des causes principales auxquelles il faut attribuer le retard de la Bolivie sur les nations voisines dans son développement économique. En effet, si l'Indien entreprend pour un salaire infime les routes les plus longues, soit avec un troupeau de lamas, soit avec des ânes, traversant des" régions où personne n'oserait s'aventurer, couchant où la nuit le prend, marchant sans avoir la notion du temps ni de la distance, et s'il peut ainsi suppléer dans une certaine mesure, mais dans des conditions toujours très médiocres, au défaut presque absolu de routes et de chemins de fer, il a ainsi contribué à faire ressentir moins fortement les conséquences résultant de cette privation de grandes voies de communication, à en retarder l'établissement, et à les faire . vivement regretter aujourd'hui

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qu 'on y voit la seule solution

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à bien des questions

économiques en suspens. Si nous sommes entré dans des détails un peu longs au sujet «le l'indigène bolivien, et y mettons quelque insistance, c'est que, en réalité, l'Indien est un élément avec lequel il faut compter, dès qu'on songe à introduire une industrie quelconque dans ce pays. Un autre élément de la population bolivienne est le Cholo, race à part, provenant du mélange de l'Indien et du blanc. Le Cholo est beaucoup plus civilisé que l'Indien. C'est parmi les Cholos que se recrutent les ouvriers d'art ; ils sont tous, ou à peu près, tailleurs, maçons, menuisiers, etc. Ce sont, en général, de bons ouvriers ; ils s'adonnent parfois un peu à l'alcool ; mais on parvient aisément à les en préserver et à en tirer un excellent parti. Enfin l'élément civilisé, qui constitue la classe dirigeante, se compose des descendants des Espagnols, qui ont conquis, il y a trois siècles, l'Amérique du Sud. Érigé en République, le 9 août 1825, date de la proclamation de l'indépendance de la Bolivie, ce pays a été longtemps déchiré par de constantes dissensions intestines. Cet état d'ébullition incessant a grandement contribué à retarder le développement, auquel les ressources naturelles du sol donnaient le droit de s'attendre. Le Gouvernement, d'ailleurs, ne faisait rien pour attirer les étrangers, et leur faire connaître toutes les richesses qu'on pouvait exploiter dans cette partie de l'Amérique du Sud. Enfin les lois, surtout les lois minières, dont la base était encore les ordonnances de Mexico de 1783, favorisaient peu le développement de l'industrie. Mais tout cela, aujourd'hui, a bien changé. En 1880, on a modifié, dans un esprit tout à fait libéral, le Code minier : quelques extraits de cette loi suffiront pour faire apprécier les facilités qu'on a voulu donner