Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)
Page : Image 89
Révision de 7 févr. 2015 15:07:08, edited by Anonymes
166
NOTE
SDR
LES GISEMENTS
DE
TIPUANI
du Cangalli; car la tradition (seule source d'information), ne donne aucun renseignement à ce sujet, ni sur les travaux qui ont été faits pour arriver à ce niveau. Quoi qu'il en soit, il est fort probable qu'au-dessous du Cangalli il existe d'autres dépôts très riches, plus riches peutêtre que le Cangalli, reposant directement sur le véritable bed-rock. C'est ce qu'il serait très intéressant de vérifier. Tous ces dépôts aurifères sont constitués de sable mélangé de pierres et d'argile sur une épaisseur de 15 à 100 mètres. Les couches se distinguent les unes des autres par la dimension des pierres, des grains de sable, ainsi que par la grosseur et la quantité des particules d'or qu'elles renferment. Celles qu'on rencontre le plus fréquemment sont d'un bleu cendré, bleu plus foncé au niveau du plan de dépôt et plus clair dans la partie supérieure, avec une teinte légèrement rouge dans les parties exposées à l'air, depuis quelque temps, teinte due à la présence de l'oxyde de fer. Les pierres et le sable sont formés par la serpentine, les schistes talqueux, et par toutes les variétés de schistes; on y trouve des morceaux de quartz à pyrite, mélangés à l'argile ; la présence de ce dernier élément est considérée comme un indice de la richesse en or. Les intervalles existant entre les rochers, qui sont remplis de sable et d'argile, contiennent toujours de l'or, comme on est d'ailleurs en droit de s'y attendre, d'après la loi suivant laquelle s'effectue le dépôt des matières entraînées par les eaux. L'or est éparpillé dans les dépôts sous forme de lentilles très aplaties et en petites feuillesovales; il est d'une couleur jaune vif, caractéristique de l'or de Tipuani. Les grosses pépites y sont très rares; on nous en a montré quelques échantillons, mais nous n'en avons jamais rencontré dans nos expériences. Il y a lieu de remarquer que l'or de Tipuani est très
NOTE
SUR LES
GISEMENTS
DE TIPUANI
167
pur; son titre est de 980 millièmes, et, de fait, sur le marché de La Paz, il se paie plus cher que l'or provenant des autres gisements de la Bolivie, sa forme et sa couleur permettent de le reconnaître immédiatement. Outre l'or existant au niveau du Cangalli, on en trouve répandu en quantité plus ou moins grande dans les sables voisins de la surface, particulièrement aux endroits où, par suite d'une cause accidentelle quelconque, les eaux de la rivière ont éprouvé un ralentissement de vitesse. En résumé, on peut réduire à quatre les différents genres de gisements de Tipuani, pour l'or, savoir : 1° Le Cangalli, ou plan de formation ancien; 2° Les dépôts sur le plan du lit actuel de la rivière ; 3° Les dépôts des plages, à une hauteur supérieure au niveau du rio actuel ; 4° Les dépôts des montagnes voisines, qui consistent en couches aurifères, plus ou moins régulières, formant d'immenses masses alluvionnaires, dans lesquelles l'or est irrégulièrement distribué. Nous n'avons rien dit des filons de quartz aurifère, d'où provient l'or trouvé dans les alluvions; ils sont en effet à peu près inconnus à Tipuani ; nous en avons vu Cependant un dans une petite concession; mais il n'a été l'objet jusqu'à présent d'aucune espèce de travaux. Les dépôts sur le plan du lit du rio ont été très exploités; il n'en a pas été de même des dépôts sableux, qui s'étendent dans les ravins, sur des parcours de plusieurs kilomètres ; on pourra encore y travailler pendant de longues années. Ce sont ceux qui, jusqu'à présent, ont fourni la plus grande partie de l'or extrait dans la région. Enfin, les gisements de la dernière catégorie peuvent être considères comme ceux renfermant la plus grande richesse, et comme pouvant le mieux rémunérer pendant de longues années les travaux qu'on y exécutera. Nous verrons plus loin que c'est aux gisements de cette dernière