Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)

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NOTE SUR LES GISEMENTS DE TIPUANI

formant aujourd'hui les vallées qui sillonnent la région. La nature a opéré là, en quelque sorte, l'extraction de l'or sur une grande échelle, et il ne reste guère qu'à en recueillir les fruits aujourd'hui. Sur les flancs des collines, au contraire, l'or est très éparpillé ou très mélangé au sable, et les exploitants doivent réaliser artificiellement ce que la nature a si bien fait pour l'or des plages. Le venero une fois formé, de nouveaux dépôts alluvionnaires se sont superposés; mais ces nouvelles couches sont généralement stériles ; on y rencontre pourtant quelquefois des couches de sables aurifères très riches, mais d'épaisseur beaucoup moindre que le vènerô; c'est pourquoi on les appelle des venerillos; ils doivent leur formation à des phénomènes de même nature que ceux d'où sont provenus les veneros, mais d'intensité moindre. Ces venerillos constituentce que les Américains appellent les pay gravels; les travaux d'extraction y sont en effet rémunérateurs. Il est néanmoins toujours d'un très haut intérêt, pour l'exploitant, de se rendre un compte exact de la valeur de ces gisements; c'est ce que nous avons pris soin de faire dans les terrains à notre portée. Nous avons obtenu ainsi des résultats très concluants, en faveur de la mine que nous devions spécialement étudier, et des immenses ressources qu'on y pourra trouver, en admettant même qu'on n'atteigne pas au heri-rock, pour une raison quelconque. En même temps qu'on entreprendra les travaux d'exploitation des couches supérieures, on devra donc se préoccuper d'instituer des travaux de recherches, pour la découverte de ces couches inférieures de venerillo et de venero. Ces recherches, d'ailleurs, ne présenteront pas de grandes difficultés ; il faut remarquer, en effet, ainsi qu'il résulte de la description du terrain, qu'en aucun point de la région de Tipuani, des formations éruptives n'alternent

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avec les formations sédimentaires, comme en Californie, par exemple, où l'on a été obligé de faire des puits et des galeries dans la roche volcanique, pour pouvoir exploiter les couches aurifères sous-jacentes. A Tipuani, au contraire, il suffit bien souvent de gratter légèrement le sol pour découvrir le venerillo, et l'on n'aura jamais, dans tous les faire de travaux coûteux pour l'aller trouver plus profondément; du reste, sur presque toute l'étendue des concessions, on trouve des traces de travaux plus ou moins récents qui faciliteront les recherches ; aujourd'hui encore nous avons vu un Indien, habitant une hutte isolée, qui se livre à ces explorations de l'or et qui en vit : il utilise simplement l'eau de pluie pour laver l'or. Ses travaux ont mis à nu le sous-sol, sur une faible étendue, il est vrai, suffisante cependant pour donner une idée de l'or qu'on peut trouver dans ces gisements ; des travaux pareils et aussi rudimentaires, mais de date beaucoup plus ancienne, ont laissé, en beaucoup d'autres points, des indices au vu desquels il suffit d'enlever une couche d'humus et des terres éboulées pour mettre à découvert le terrain aurifère. Nous avons donc pu facilement nous livrer à quelques vérifications intéressantes, et nos expériences nous ont fourni "des résultats fort appréciables. La battée, qui tient 10 à 12 livres de terre, a donné, en moyenne, 12 grammes d'or à la tonne, soit 27 grammes au mètre cube, en admettant 2,25 pour poids du mètre cube. Ces résultats ont été obtenus en ne lavant que les produits des venerillos. Dans la masse environnante, la battée ne donne rien ; mais il ne faudrait pas en conclure que le terrain est tout à fait stérile. H y a des exemples d'exploitations en Californie, où l'on a fait des bénéfices en lavant des sables ne tenant que 0,30 d'or par tonne, et pour lesquels très probablement les lavages à la battée n'auraient pas donné traces d'or. Les résultats obtenus par les naturels du pays