Annales des Mines (1901, série 9, volume 19)
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colonisation espagnole. Dans des fouilles pratiquées sur des points très nombreux, on rencontre quelquefois des armes, des ustensiles de chasse et de pêche, des objets d'ornement fabriqués avec un bronze, dont la teneur en étain varie presque toujours d'un objet à l'autre. Mais ces objets de bronze sont excessivement rares, beaucoup plus rares que les objets de cuivre trouvés dans les mêmes conditions; dans tous les cas, ce n'est guère que dans les régions littorales qu'on les a rencontrés, mais dans la partie constituant la Bolivie actuelle, ils y sont inconnus. Cela prouve que les habitants de l'intérieur, désignés sous le nom de « Aymar as », ignoraient l'usage de l'étain, bien que des gisements considérables de ce métal se trouvassent dans la région qu'ils habitaient. Dans tous les cas, on ne sait absolument pas d'où ils auraient tiré cet étain. Le P. Barba assure qu'aux environs de Carabuco les Incas faisaient exploiter l'étain; mais aucune preuve ne vient à l'appui de cette assertion; on n'a jamais découvert le moindre vestige des fours qu'ils auraient dû employer pour fondre la cassitérite, ni même de l'exploitation des filons d'étain. Il est vrai que la cassitérite peut se rencontrer à l'état de pépite dans les terrains d'alluvion, comme, par exemple, dans la presqu'île de Malacca, et que les Indiens auraient pu se procurer l'étain en lavant ces alluvions, comme ils le faisaient pour l'or; mais, en Bolivie, ce genre de gisement est fort rare; à peine aurons-nous à en citer un ou deux de très faible importance. Il faudrait peut-être une étude de la question, encore plus approfondie qu'elle ne l'a été jusqu'à présent, pour pouvoir se prononcer en toute certitude. Quoi qu'il en soit, l'or, le cuivre et l'argent ont été certainement les métaux les mieux connus des aborigènes américains avant la découverte de leur continent ; et, quand les Espagnols se consacrèrent, avec leur infati-
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gable activité, à l'exploitation et à l'accumulation des métaux précieux, le désir de traiter l'étain ne pouvait guère naître en eux, ils n'auraient pas trouvé dans ce métal une source de gain assez rapide : on n'exploitait que ce qui rapportait le plus, et ceci nous paraît expliquer mieux que toute autre raison l'oubli de l'étain. Ce dédain des premiers Espagnols pour l'étain a persisté jusqu'à la fin de leur domination dans le pays, c'est là probablement la cause principale pour laquelle on est resté si longtemps sans y exploiter ce métal. Ce n'est pas à dire que les Espagnols s'en soient abstenus absolument; ils paraissent, au contraire, avoir exploité l'étain en petite quantité, si l'on s'en rapporte à ce passage d'un chapitre du livre du P. Barba : « Ils appellent plomb blanc le métal connu sous le nom d'étain ; ce sont les ouvriers qui séparent l'argent du cuivre qui donnent ce nom au métal qu'ils extraient des lingots où il se trouve mêlé et qui ressemble au plomb par sa blancheur et le bruit qu'il fait (cri de l'étain), quand on le mord ou qu'on le brise. C'est le poison des autres métaux, et tous ses alliages sont cassants, parce que sa présence détruit l'homogénéité primitive du métal auquel il est allié et lui enlève sa ductibilité. Il n'y a qu'au plomb qu'il ne cause pas de préjudice, parce que, grâce à sa fluidité et à son peu de dureté, il se mélange intimement avec lui, et les deux conservent leur ductibilité. Il n'y a pas de gisements d'étain partout, mais ils ne manquent -pas dans ces riches provinces. Colquiri, non loin du village SaintPhilippe d'Autriche d'Oruro, jouit d'une grande réputation pour la quantité et la qualité du minerai qu'on en a extrait, et que l'on continue à en extraire, minerai au milieu duquel on trouve des poches remplies de minerai d'argent. Près de Charyanta, dans les Charcas, il y a un autre gisement d'étain, d'où l'on a tiré du minerai en abondance depuis quelques années. Non loin deCarabuco,