Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1901, série 9, volume 20)

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LES GISEMENTS DIAMANTIFÈRES DE LA RÉGION SUD-EST DE L'iLE DE BORNEO

mettre la corbeille pleine de terre aux ouvriers se trouvant à l'orifice, puis à remettre entre leurs pieds seaux ou corbeilles vides que reprennent, pour les remplir à nouveau, les hommes du fond. Le second « tangga » est m placé ;i environ l ,60 au-dessous du premier, et ainsi de suite jusqu'à achèvement du puits. Lorsque ce dernier atteint de 7 à 8 mètres de profondeur, la venue d'eau est, en général, assez forte pourque trois hommes soient nécessaires par « tangga » pour l'épuisement ; et c'est alors un curieux spectacle que la vue de ces trois seaux apparaissant à l'orifice à intervalles réguliers pour se vider et disparaître aussitôt, tandis que, dans l'intérieur du puits, tous ces étages dedos jaune brun se courbent et se redressent à la fois. Parce travail rythmé, les indigènes arrivent à tenir tète à une venue d'eau de 120 à 150 litres par minute. Pendant ce temps, les « angkatans » remplis de terre parviennent aussi à l'orifice du puits, mais à de plus longs intervalles et plus irrégulièrement, selon les difficultés du travail d'arrachage au fond, travail peu facile, car le seul outil dont les Malais consentent à se servir consiste en une tige de fer rond, pointue, longue de 60 à 70 centimètres et emmanchée dans un morceau de bois ; c'est le linggi, qu'ils emploient comme un levier pour détacher les terres. Les « tangga » sont appuyés sur les cadres du puits. Ces cadres sont faits de rondins écorcés et entaillés à peu près comme on fait en Europe ; en raison de la mauvaise tenue des terres, ils sont suspendus les uns au-dessous des autres, au moyen de rotins venant s'attacher sur des pièces de bois étagées placées à l'orifice et dépassant assez largement le puits de chaque côté pour avoir m une assiette solide. Il y a un cadre au moins tous les l ,00, m et le plus souvent tous les 0 ,80. Les cadres seraient insuffisants, à eux seuls, pour em-

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pêcher l'écroulement des parois ; aussi leur fonction estelle seulement de maintenir en place un système de 30 à 32 longues perches, lisses et rondes, de la grosseur du poignet, pointues dans le bas et garnies d'une forte ligature en rotin à l'autre extrémité. Ces perches, réparties également sur chaque paroi, sont enfoncées au fur et à mesure des besoins par un aide placé soit sur le sol, soit sur le plancher d'un échafaudage construit autour du cadre prismatique qu'elles forment et situé à une plus ou moins grande hauteur, selon le degré d'avancement du puits. L'aide frappe sur le bout ligaturé des perches avec un lourd morceau de bois, sorte de massue double, suivant les indications qui lui parviennent du chef de l'équipe du fond, contenues dans une mélopée indéfinie et monotone dont les paroles peuvent se traduire par: «Frappe sur la perche de tel nom, de tel côté, » etc. Sur cette même mélopée sont transmises toutes les demandes : seaux pour l'épuisement, corbeilles pour les terres, outils, herbe sèche. L'herbe (alang alang) est introduite et serrée derrière les perches et maintient les terres en place. Lorsque la profondeur du puits dépasse la longueur des perches, on augmente dans le bas le nombre des cadres et on insère derrière eux de menues branches et des herbes formant un bourrage complet. Quand les indigènes ont ainsi atteint la couche de graviers diamantifères, ils l'enlèvent avec le plus grand soin sur le fond du puits et ensuite en prennent autant qu'ils peuvent tout autour du puits, en pratiquant sur chaque paroi une sous-cave, qu'ils poussent en avant tant que la solidité des terres le permet. Ce travail s'appelle solong. Les sous-caves peuvent atteindre jusqu'à 3 mètres de profondeur et venir rejoindre celles pratiquées à partir des puits voisins, de sorte que, par ce moyen, la couche se trouve enlevée sur une étendue quelquefois considérable d un seul tenant, si les conditions ne sont pas trop défa-