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Annales des Mines (1903, série 10, volume 3)

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LES CHARBONS GRAS DE LA PENSYLVANIE

ET DE LA VIRGINIE OCCIDENTALE

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contiendrait la même proportion de menus. Un charbon américain arrivant avec 80 p. 100 de menus (Eurêka, Pocahontas, etc.) doit donc être comparé, au point de vue du prix, à un mélange de 30 p. 100 de gros criblé et de 70 p. 100 de menus anglais. Or les menus de Cardiff valent 6 francs de moins environ que le gros criblé de Cardiff ; les menus de Newcastle valent 2 francs de moins en moyenne que ceux de Cardiff. Si la tonne de gros criblé de Cardiff vaut 20 francs, le mélange par moitié des menus de Cardiff et de Newcastle (mélange à peu près équivalent aux menus de Cardiff seuls) vaudra 13 francs à peu près. Le mélange de 30 p. 100 de gros criblé et de 75 p. 100 de menus anglais vaudra alors 15 fr. 10, soit 15 fr. 50. C'est ce prix de 15 fr. 50 qui, pour le charbon américain de l'Est, devrait être considéré comme équivalent au prix de 20 francs du gros criblé de Cardiff, pris comme point de comparaison. En prenant le prix des charbons anglais à Saint-Nazaire comme base, leur prix à Bordeaux sera obtenu en y ajoutant environ 0 fr. 70 et leur prix à Marseille en y ajoutant 2 fr. 50 à 3 francs. Pour les charbons américains, le fret est le même pour les divers ports de l'Océan ; il est seulement de 0 fr. 50 supérieur pour Marseille. Donc, si les charbons anglais et américains pouvaient être obtenus au même prix à Saint-Nazaire, les charbons américains auraient 0 fr. 70 d'avantage à Bordeaux et peut-être 2 fr. 25 à Marseille (*). Quel pourrait être actuellement le prix de revient aux ports français de ces charbons américains dont nous avons déterminé la valeur? Pour le charbon de l'Ouest (Pittsburg et Fairmont) , le prix de revient à la mine étant en moyenne de 3 fr. 25, le prix officiel du transport à la mer

(déduction faite de la prime de réembarquement) étant de 6 fr. 50, le prix de revient aux ports américains est de 9 fr. 75. Lors donc que le gros criblé de Cardiff vaut 20 francs à Saint-Nazaire, 20 fr. 70 à Bordeaux et 22 fr. 75 àMarseille, il resterait 10fr.25 de marge pour la traversée d'Amérique à Saint-Nazaire, 10 fr. 95 pour Bordeaux et 13 francs pour Marseille. Quant au charbon de l'Est, en comptant 3 fr. 75 comme prix de revient à la mine (maximum supérieur à la réalité) et 5 fr. 25 de transport à la côte, il revient à 9 francs au port d'embarquement. Il reste donc 6 fr. 50 pour le transport par mer sur SaintNazaire, 7 fr. 20 pour Bordeaux et 8fr. 75 pour Marseille, la situation du marché anglais étant supposée la même. Et maintenant, quel peut être le prix du transport par mer ? L'évaluation en a été faite par une des maisons d'exportation de New-York et reproduite dans le Coal Trade Journal de la même ville. Avec un vapeur portant 1.000 tonnes de charbon, faisant 8 voyages aller et retour et revenant sur lest, marchant à 10 nœuds chargé et à 11 sur lest, le prix de revient du transport par tonne de charbon serait de 9 francs sous pavillon américain et de 7 fr. 50 sous pavillon anglais (*), l'intérêt et l'amortissement du capital payés, ainsi que les assurances. S'il s'agissait d'une Société de navigation française, il faudrait, dans le calcul du prix de revient, tenir compte de la prime à la marine marchande, de 1 fr. 70 par tonne métrique et 1.000 milles parcourus. L'établissement de primes de cette sorte a donné lieu à quelques projets de loi aux ÉtatsUnis. Le dernier d'entre eux, qui accordait 1 cent par tonne et par 100 milles parcourus, vient d'être rejeté par la Commission de la Marine de la Chambre des Représentants et ne semble pas devoir être repris avant longtemps.

(*) En raison de l'irrégularité constante des frets, ces chiffres ne sont que des moyennes.

(*) Les équipages américains coûtent beaucoup plus cher que les équipages anglais; d'où la différence de prix.