Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1903, série 10, volume 3)

616

NOTE SUR L'EXPLOSION D'UN RÉCIPIENT DE VAPEUR'

d'une bague c qui se visse sur le piétement. L'empreinte circulaire laissée sur la rondelle intérieure de caoutchouc par la face interne de la glace n° 4 est bien régulière sur tout le pourtour et semble indiquer un serrage uniforme. Bien que l'on puisse considérer l'épaisseur de la rondelle comme faible et penser qu'il eût été préférable d'employer des rondelles de 4 ou 5 millimètres, plus élastiques que celles de2 millimètres, Une paraît pas légitime d'attribuer la rupture à l'inégalité des tensions moléculaires produites dans le verre par le serrage de la bague. Diverses expériences et observations indiquent, au contraire, que c'est la température qui a dû jouer un rôle prépondérant dans la rupture des glaces, au moment où elles commençaient à s'échauffer. Profitant du fait que les glaces n° 2 et n° 3 étaient restées intactes, le Service des Mines a soumis la première à une épreuve hydraulique à froid, au cours de laquelle elle s'est rompue sous une pression de 4 kilogrammes, un peu inférieure à celle qu'elle avait, le 2 septembre, supportée sans altération apparente ; la seconde, à une épreuve à chaud, par la vapeur sous pression, au cours de laquelle on a constaté la rupture sous une pression de 200 grammes seulement, correspondant à une température de 105° environ. L'influence prépondérante' de la température et surtout de son élévation brusque ne semble pas douteuse. Des faits identiques ont été observés lors de la mise en marche, dans la sucrerie de M. Davaine, à Villers-lès-Cagnicourt (Pas-de-Calais), d'un appareil de vaporisation en tout semblable, sauf en ce qui concerne la forme des regards, à celui de la distillerie de M. Delaune. Cet appareil, construit par la Société française des constructions mécaniques à Douai, comprend deux récipients timbrés à 1 kilogramme, munis chacun d'une soupape de sûreté et d'un manomètre; la cuve de vaporisation porte, à l'avant,

NOTE SUR L'EXPLOSION D'UN RÉCIPIENT DE VAPEUR

617

trois regards rectangulaires fermés par des glaces de 300 millimètres de hauteur, 50 millimètres de largeur et 12 millimètres d'épaisseur, serties entre deux bandes rectangulaires de caoutchouc de 2 millimètres d'épaisseur, au moyen de six boulons par glace ; à l'arrière, un quatrième regard, circulaire, avec glace de 9 millimètres d'épaisseur et de 64 millimètres de diamètre dans œuvre, sertie entre deux rondelles de caoutchouc de 2 millimètres, au moyen d'une bague semblable à celle de l'appareil Hersin Déon. Dans un premier essai, fait simplement avec de l'eau, on venait d'atteindre la pression de 1 kilogramme dans le réservoir de vapeur et celle de 200 grammes dans la cuve de vaporisation otf l'eau entrait en ébullition, lorsque les trois glaces rectangulaires se fendirent en même temps ; on dut arrêter l'essai. On remplaça les glaces et recommença l'expérience, cette fois avec le liquide sucré à traiter. Le résultat fut identiquement le même. On songea alors à recuire les glaces avant de les fixer sur l'appareil ; de nouvelles glaces, identiques d'ailleurs comme qualité aux précédentes, furent placées dans un bain d'eau froide, que l'on amena lentement à la température d'ébullition et qu'on laissa bouillir une demi-heure environ. L'appareil fut remis en marche, le 9 octobre 1902. Les glaces recuites se comportèrent parfaitement et servirent pendant toute la campagne sucrière : en marche normale, la pression dans le réservoir de vapeur est de 1 kilogramme ; celle de la cuve de vaporisation, de 400 à 500 grammes ; les deux glaces des regards inférieurs sont seules constamment baignées par le liquide. Les expériences et les observations que nous venons de Appeler permettent d'affirmer que l'accident survenu, le 21 octobre 1902, à la distillerie Delaune, a eu pour cause essentielle l'influence des variations de température sur les glaces en verre des regards. La rupture a dû être facilitée par les grandes dimensions de ces glaces ; elle a pu