Annales des Mines (1903, série 10, volume 4)
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L 'ORIGINE
DES GISEMENTS
ET LES CARACTÈRES
5° Après avoir traversé le porphyre du toit, on arrive, comme nous l'avons dit, à la très curieuse. formation des schistes d'Haukivara, dont un croquis ci-joint, emprunté à M. Vogt (fig. 9), donne la coupe théorique.
FIG.
9. — Coupe théorique du gisement de Luossavara (d'après
M.
Vogt).
Au mur de cet étage, j'ai observé d'abord du schiste talqueux avec un peu d'hématite, puis un vrai conglomérat à galets incontestablement roulés d'oligiste et de porphyre et, de nouveau, des schistes à zones ferrugineuses lenticulaires à peu près interstratifiées. Ce lit de conglomérats si remarquable est loin d'être le seul dans cette formation, où les veines ferrugineuses elles-mêmes (formées non plus de magnétite, mais d'hématite) semblent un produit de remaniement secondaire, assez développé, quoique probablement sans valeur industrielle. C'est ainsi qu'à environ 50 mètres plus à l'Est, sur l'éminence dite du Docteur, j'ai revu des lits à galets semblables avec des veines d'hématite au milieu des schistes. Le croquis de M. Vogt figure trois de ces niveaux. On est donc là, sans contestation possible, en présence d'un véritable terrain sédimentaire, formé postérieurement aux porphyres et aux minerais de fer, en partie à leurs dépens. Pour ceux qui pourraient être tentés de voir dans les amas de magnétite des filons intrusifs postérieurs aux
DE FER SCANDINAVES
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porphyres, l'âge maximum de cette intrusion se trouve donc nettement daté par la nécessité qu'elle ait été antérieure au dépôt de ces schistes d'Haukivara. J'ajoute seulement que, dans cet étage schisteux, il existe quelques lentilles de diabase, peut-être interstratifiées. 6° A ces schistes succèdent bientôt des quartzites, avec intercalation d'un porplryre semblable au porphyre du toit de Kirunavara, et enfin, en continuant toujours vers l'Est, M. Lundbohni a reconnu au magnétomètre l'existence, sous la moraine, d'une lentille de magnétite (Tuollovaara) (*), qui n'a pas été mise à nu, mais qui, d'après divers indices, parait, elle aussi, encaissée dans des porphyres. B.
— THÉORIE DU GISEMENT.
En résumé, si l'on rassemble ces divers faits, on voit à quel point ce gisement de Kirunavara-Luossavara présente un caractère exceptionnel et différent de celui que nous retrouverons dans la généralité des gîtes suédois (Gellivara, Gràngesberg, etc.). Aussi a-t-on pu mettre en . avant, pour l'expliquer, différentes théories, qui vont être exposées toutàl'heure, etdont aucune, il faut bien l'avouer, n'est entièrement satisfaisante. Le fait, qui m'a le plus (*) L'existence de plusieurs petits gites semblables, dont on annonce de temps à autre la découverte, pourrait inspirer des illusions sur la possibilité de rencontrer un jour quelque autre grand amas ignoré, comparable à Kirunavara, dans un pays aussi difficile à explorer, à cause de son manteau de tourbières, de lacs ou de moraine. 11 ne faut pas toutefois oublier que, si les grands gisements reconnus jusqu'ici à Kirunavara, Gellivara, Svappavara, etc.. forment des montagnes, ce n'est pas le résultat d'un hasard, mais parce qu'ils ont résisté à l'érosion, dans laquelle se sont désagrégées les roches encaissantes. Or les minerais pouvant exister sur des saillies n'ont guère dû passer inaperçus ; ceux qu'on a encore des chances de découvrir sont ceux des fonds de vallées, qui, à moins d'être entièrement enfouis en profondeur et soustraits par suite aux actions érosives, doivent être moins considérables dans leurs parties hautes. Ils sont, de toutes façons, plus difficiles à. exploiter.