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L'ORIGINE ET LES CARACTÈRES

DES GISEMENTS DE FER SCANDINAVES

et, immédiatement recouverts par une nouvelle coulée ignée, auraient subi un métamorphisme, peut-être une réduction, donnant la forme de magnétite (*). Le phénomène est assurément difficile à concevoir ; mais il faut bien admettre que, de toutes façons, la cristallisation d'une boule de 2 milliards de tonnes de magnétite entre deux porphyres a constitué quelque chose d'exceptionnel. Peut-être même pourrait-on remarquer, à ce propos, que, pendant les époques primitives du globe, représentées par tous les étages précambriens, la croûte terrestre devait être moins épaisse, les communications de la superficie avec les laccolithes profonds plus directes et plus faciles, surtout dans ces régions boréales, où semblent alors s'être particulièrement localisés les plissements du sol avec les concentrations ignées de fer par ségrégation, et où l'on serait également tenté de croire que les dégagements ferrugineux extérieurs sous une forme quelconque ont pu offrir une intensité anormale : on expliquerait ainsi, dumême coup, l'abondance toute spéciale des minerais de fer de tous genres dans certains de ces terrains primordiaux. Leur structure cristalline ordinaire, toutes les fois qu'ils n'ont pas subi une altération superficielle, structure qu'il est naturel d'attribuer surtout au métamorphisme, pourrait elle-même être due en partie au rôle originel des chlorures, que nous venons de supposer : chlorures ayant, d'autre part, dû intervenir dans le métamorphisme général des sédiments, en même temps que tous les agents ordinaires de ces transformations. J'ai déjà eu l'occasion de remarquer que l'abondance extrême du fer dans ces terrains, sur laquelle je reviens

ici, était un phénomène caractéristique de la zone boréale, qui est précisément aussi la portion du globe affectée par les plissements et par les éruptions d'âge huronien. Plus au sud, le long de la chaîne hercynienne, où les terrains cristallophylliens sont pourtant un élément bien fréquent, les amas ferrugineux y font à peu près défaut (*). Et, sans doute, on peut soutenir avec grande vraisemblance que l'âge de nos terrains cristallophylliens du Plateau Central est totalement différent de celui des terrains d'aspect analogue en Scandinavie et, par exemple, beaucoup plus récent. Mais on peut également chercher, ainsi que nous venons de le faire, une relation d'origine entre les dépôts de fer qui abondent autour du pôle Nord et les manifestations rocheuses éruptives à. peu près contemporaines dans les mêmes régions septentrionales : soit que la relation ait été à peu près directe, comme dans l'hypothèse précédente ; soit qu'il y ait eu destruction, remaniement et concentration sédimentairc d'éléments ferrugineux, dispersés d'abord dans ces roches éruptives consolidées. Cette théorie problématique aurait, on le voit, l'avantage de ne pas laisser le gisement de Kirunavara complètement isolé dans son genre et de le rattacher, au contraire, par une série continue, à l'ensemble des autres gîtes Scandinaves situés dans le Grundgefield, en établissant la nature de son lien avec eux ; le départ du fer à partir des roches éruptives aurait, en quelque sorte, subi trois stades successifs : 1° ségrégation, ou différenciation ignée (Taberg, etc.); 2° départ avec intervention de minéralisateurs et précipitation chimique immédiate (Kiruna-

(*) En supposant un dépôt de fer sulfuré, intercalé, sous forme de pyrite, entre deux coulées porphyriques, on pourrait encore admettre qu'il s'est postérieurement transformé, d'abord en hématite par une altération superficielle, puis, par le métamorphisme général, en magnétite.

(*) On retrouve, il est vrai, des amas ferrugineux, dans le cristallophyllien d'Algérie, à Mokta-el-Hadid; mais, d'après un travail récent de M. Termier (C. /!., avril 1903), il pourrait se faire que ce cristallophyllienne fût que de 1 eocène métamorphique, et que lesamas de fer qu'il contient rentrassent dans le type ordinaire des gisements tertiaires algériens avec recristallisations.

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