Annales des Mines (1903, série 10, volume 4)
Page : Image 79
Révision de 28 janv. 2015 22:53:39, edited by Anonymes
150
L'ORIGINE
ET
LES CARACTÈRES
DES
Peut-être y a-t-il quelque relation entre ces roches et un massif de gneiss granitique (appelé granité par les Suédois), qui forme, à 20 ou 30 mètres à l'Est des gisements, une bande à peu près interstratifiée sur plus de 1 kilomètre de long, où l'on trouve, paraît-il, des fragments de minerai et de leptynite englobés, ce qui indiquerait peut-être son éruptivité. Ces filons de pegmatite et de quartz, par un phénomène que j'ai retrouvé en divers points de la Scandinavie ( Xorberg, Ammeberg, etc.) et qui ne doit pas être sans rapport avec le caractère profond des gisements do ce pays, contiennent fréquemment, au milieu de géodes, des hydrocarbures liquides ou solidifiés, composés de véritables bitumes, entièrement solubles dans le chloroforme et renfermant, ainsi que je m'en suis assuré par une analyse faite au Bureau d'essai de l'École des Mines, lp. 100 de soufré (*jtj En même temps, on y observe fréquemment, ici comme à Gellivara, de l'oligiste on grands cristaux, très différent de l'oligiste fin et souvent poudreux, qui constitue le gise-' ment lui-même. Quand on examine ces quartz au microscope, ils apparaissent criblés d'inclusions liquides à bulle mobile, qui représentent l'association ordinaire du chlorure de sodium avec les hydrocarbures. Il n'est pas douteux, quand on étudie les gisements de Grangesberg, que ces filons ont exercé une action réductrice sur l'oligiste encaissant, transformé à leur contact en magnétite (•**), et cette action me paraît, comme je (*) Certains
géologues
suédois
ont
donné de la présence de
ces
hydrocarbures une interprétation toute différente, en y voyant, au contraire, a priori, le reste de matières organiques déposées avec les sédiments et ultérieurement distillées; je reviendrai bientôt sur celle question. (**) Le fait est constaté dans la
brochure publiée en
1898
par
DE FER
SCANDINAVES
151
vais le dire, attribuable, non à une simple influence calorifique, mais aux hydrocarbures apportés par le filon. Les faits se passent, par exemple, de la façon suivante, sur un de ces filons que j'ai spécialement examiné à Skàrpningen. Le filon de pegmatite, large d'environ 1 mètre, renferme de l'oligiste en grands cristaux, avec des géodes pleines de bitume. A son contact, on a, sur 0 m ,20 do large, de la magnétite grenue en gros cristaux de 3 millimètres ; plus loin, sur 0 m ,15, de l'oligiste avec des cristaux de magnétite espacés, qui atteignent près de 1 centimètre ; au delà, de l'oligiste poudreux, ne contenant plus de la magnétite que suivant quelques plans do clivage, et l'on arrive ainsi à la masse d'oligiste proprement dite. On observe de même, à Morgrufvan, que l'ensemble du minerai est en oligiste pur à 0,06 p. 100 de phosphore, sauf à la rencontre des pegmatites, où l'on a de la magnétite. Une expérience synthétique, dont j'ai donné ailleurs le détail (*), m'a permis de reproduire cette réduction locale de l'oligiste en magnétite en faisant agir, sur de l'hématite pulvérisée, des vapeurs do pétrole sous pression à 250°. Je ne crois donc pas douteux que l'oligiste de ces filons de Grangesberg ait été réduit par des vapeurs hydrocarburées, apportées par des intrusions granulitiques. On peut se demander si, avec ces vapeurs carburées, d'autres fluorées n'auraient pas, en même temps, introduit dans le minerai la proportion anormale de phosphore, qu'il renferme lorsqu'il est à l'état de magnétite. C'est, en effet, un fait général à Grangesberg, que la pureté en phosphore des oligistes par rapport aux magnétitos. D'autre part, on rencontre, bien qu'à titre exceptionnel, un peu de fluorine et même de béryl à Grangesberg (comme à Gellivara,
la
société de Grangesberg (p. 9) et a été vérifié il diverses reprises, au cours des travaux, par le D' Nauckhoff, ingénieur de la Compagnie, qui a bien voulu me diriger dans la visite des gisements.
GISEMENTS
(*) Comptes Rendus, 11 février 1903 : Sur la réduction d'oligiste en magnétite par les hydrocarbures.