Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1903, série 10, volume 4)

178

.

L'ORIGINE ET LES CARACTÈRES

dérer, est celle des filons de pegmatite à apatite, constatés notamment dans certains gisements de fer, qu'ils traversent, tels que ceux de Gellivara. On y a quelquefois vu un simple produit de sécrétion secondaire, ayant emprunté son phosphore aux terrains recoupés; peut-être seraitil plus exact d'attribuer, au contraire, une influence (très locale) dans la phosphoration des minerais à l'influence de ces filons. L'apatite est, en effet, un élément très fréquent de venues granulitiques encaissées dans' des terrains, qui ne contiennent à peu près aucun phosphore et qui, par conséquent, n'ont pu en fournir à ces venues par réaction secondaire. Cette substance se trouve aussi abondamment dans certaines minéralisations stannifères rattachées aux pegmatites. Il me suffira de rappeler, à ce propos, le cas du gisement d'étain. de Montebras dans la Creuse, qui, suivant les points, peut être considéré également comme un gi-. sèment d'apatite, ou encore comme un gîte de ces autres phosphates plus exceptionnels, l'amblygonite, la turquoise, la montebrasite, la wawellite, etc.. Parmi les filons de pegmatite à apatite assez nombreux, que l'on peut observer dans le district de Gellivara, le principal se trouve à Yâlkomman et constitue un amas de 2 m ,40 de large sur 4 mètres de long, prolongé au Nord par un certain nombre d'apophyses plus minces et atteignant, en définitive, 12 m ,50. La pegmatite, composée de plagioclase rouge etd'orthose avec quartz, y renferme souvent de l'oligiste en grands cristaux avec des nids d'apatite. Le minerai d'hématite, au voisinage, contient de. nombreuses veinules de pegmatite à cristaux d'apatite, sans lien visible avec cette grosse masse ; mais l'hématite elle-même est, dans sa masse, assez pauvre en apatite. J'ai dit précédemment comment certains de ces filons pegmatoïdes avaient, sur leur contact, provoqué une réduction d'oligiste en magnétite ; à Grângesberg, le phénomène

DES GISEMENTS DE FER SCANDINAVES

179

paraît coïncider quelquefois avec un enrichissement des minerais en phosphore. Quelques autres points intéressants pour cette question des granulites à apatite ont déjà été décrits ; je renvoie notamment à \&fig. 13 (page 134), représentant la paroi Est de la lentille Johan à Gellivara, où de nombreuses veines de granulite s'infiltrent dans les gneiss à hornblende et à mica noir avec délits de magnétite et où ce phénomène semble accompagné d'une richesse en apatite tout à fait spéciale. A Kirunavara, nous avons vu également (fig. 4 à 7) l'apatite s'introduire dans la magnétite en véritables filons postérieurs à caractère pegmatoïde. Il y a donc lieu d'envisager tout au moins la possibilité d'un apport phosphaté ultérieur dans les minerais sous l'influence de ces pénétrations granulitiques et il ne paraît pas s'agir là d'une simple remise en mouvement. Néanmoins, si, dans quelques cas exceptionnels, comme à Grângesberg, la pegmatite a pu apporter du phosphore au minerai de fer, ailleurs, à Kapten de Gellivara, on constate qu'un amas particulièrement riche en filons de pegmatite se trouve le plus pur en phosphore de tout le district. C'est assez dire qu'il ne faut pas chercher, dans ces réactions, l'origine principale ni même une cause importante do la présence du phosphore dans les fers Scandinaves, et, tout au contraire, nous allons voir que ce phosphore parait, en très grande majorité, y avoir préexisté dès le dépôt sédimentaire. Peut-être encore faut-il rattacher au même ordre d'idées les roches de skar-n avec apatite, qui existent sur le bord de certains amas de fer et les remplacent : roches, dans lesquelles les actions granulitisantes semblent souvent avoir joué un rôle important pour cimenter des éléments bréchiformes, résultant de quelque cassure latérale aux gisements.