Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1903, série 10, volume 4)

Annales des Mines (1903, série 10, volume 4)

Page : Image 258

Révision de 29 janv. 2015 05:38:15, edited by Anonymes

508

RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

à des tonnages limités, et cela tient non seulement à ce que l'introduction de quelques unités pour cent de nickel dans l'acier augmente très notablement son prix (souvent du simple au double) à la fois en raison de la valeur même du métal introduit et en raison de la minutie plus grande de la préparation métallurgique de ces aciers spéciaux, mais cela tient encore à ce fait que l'amélioration de certaines de leurs propriétés mécaniques ne va pas souvent sans des inconvénients, tels que la difficulté avec laquelle ils se laissent travailler, ne supportant pas l'écrouissage, criquant aisément, etc. Il est fort intéressant cependant de signaler un pas, paraissant très notable, qui vient d'être fait aux États-Unis : après des essais multiples pour l'emploi de rails en acier au nickel sur des sections de voies ferrées très fréquentées, en vue d'espacer notablement les réfections dévoies, la PensylvanianRailroadC 0 vient de commander 9.000 tonnes de rails en acier à 3 1/2 p. 100 de nickel pesant 85 et 100 livres par yard (soit 43 et 50 kilogrammes par mètre), pour en munir les sections de voie les plus chargées de ses lignes autour de Pittsburg : cette commande aurait été faite au prix de 55 dollars la tonne (261 francs par tonne métrique) (*)• La multiplication de semblables usages ne manquerait pas d'accroître considérablement la consommation du nickel, et cela pourrait bien ne pas tarder à se produire en effet. Pour ce qui est de l'adoption des aciers au nickel à haute teneur, on peut dès aujourd'hui y compter pour la construction d'appareils de précision ; mais cela est peu de chose, et ce qui serait vraiment précieux pour notre colonie, ce serait de voir se développer des emplois tels que celui qui a été fait par l'artillerie française d'acier à 25 p. 100 de nickel; il ne faudrait en effet pas beaucoup (*) Engineering and mining Journal, 7 février 1903, p. 212.

509

LES MINES DE NICKEL

d'usages exigeant chacun annuellement quelques centaines de tonnes de tels aciers pour augmenter dans une large proportion la consommation du nickel ; il ne nous paraît pas douteux que ces usages se multiplieront d'autant plus rapidement que le prix du nickel, qui intervient pour une large part dans le prix élevé de ces produits spéciaux, diminuera plus vite et plus notablement. Les usages métallurgiques sont donc de ceux qui, exigeant aujourd'hui à peu près la moitié du nickel consommé dans le monde, pourraient à bref délai, et surtout à la faveur d'un abaissement notable du prix du nickel, augmenter dans une très large proportion. Ils suivent naturellement aujourd'hui les fluctuations de l'industrie métallurgique, et en particulier de l'industrie spéciale des armements; ils ont eu leur période d'accroissement de 1898 à 1901, en même temps que cette industrie, et subissent aujourd'hui avec elle une crise qui n'est assurément que passagère. Quoi qu'il en soit, l'ensemble des usages du nickel a déjà marqué une progression considérable depuis 25 ans, et nous sommes bien persuadé que cette progression ne fera que continuer encore d'année en année. Les quelques chiffres suivants montreront ce qu'elle a été jusqu'ici. D'après M. Levât (*), la production annuelle du nickel est restée sensiblement stationnaire jusqu'en 1878, et elle serait montée ensuite à peu près aux chiffres suivants : 1878 1880 1884 1887

400 tonnes 1.200 — 2.000 — 3.000 —

La Nouvelle-Calédonie intervenait d'ailleurs pour la plus large part dans cette production. Depuis 1889, la décou9

(*) D. LEVÂT, Progrès de la métallurgie du nickel (Annales des Mines,

  • série, t. I, p. 223, 1392).

Tome IV, 1903.

34