Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1904, série 10, volume 5)

340

INDUSTRIES MINIÈRE ET MÉTALLURGIQUE

Tous les minerais tenant plus de 40 p. 100 de plomb étaient expédiés aux États-Unis pour y être fondus. Telle était la situation avant 1901. Au commencement de cette année, PÀmerican Smelting andRefining Co, après avoir mis la main sur beaucoup de mines et sur la plus grande partie des fonderies et raffineries de plomb des États-Unis, a signifié aux mineurs de Colombie Britannique que, dorénavant, elle n'accepterait plus leur minerai dans ses usines. Les Canadiens sont donc forcés d'extraire leur plomb chez eux et de le vendre aux États-Unis en perdant 2 cent. 1/8 par livre ou de l'offrir sur les marchés européens. Ces deux solutions sont à peu près équivalentes. En 1902, par exemple, de prix du plomb était à Londres de S 2,35 les 100 lbs, le fret du Kootenay à Londres, de $ 1. Le mineur colombien recevait donc $ 1,35 par livre, moins les frais de traitement. A New- York, le prix du plomb, à la même époque, était de $4,10, c'est-à-dire, fret déduit, S 3,50 environ. Si on en retranche le droit de $ 2 1/8, on arrive à très peu près à $ 1,35. Grâce au tarif protecteur et à l'entente entre les producteurs de plomb aux États-Unis, les droits jouent donc complètement, malgré leur élévation. Il ne faut pas s'étonner si cette situation, qui fait la prospérité des mineurs de l'Idaho, n'encourage guère ceux du Kootenay, à quelques milles de distance. La crise frappe plus durement le Kootenay Oriental, dont le minerai est pauvre en argent, que le Slocan, qui est surtout producteur d'argent. Dans le Slocan même, les mines de dry ore, c'est-à-dire de minerai d'argent non plombifère, qu'on trouve aux environs de Sandon, ont progressé, tandis que les mines de plomb argentifère diminuaient leur production. Au total, la production du plomb a passé de 68 millions de livres en 1900 à 52 en 1901, à 26 en 1902. La diminution de valeur a été encore beaucoup plus forte.

EN COLOMBIE BRITANNIQUE

»

341

De $ 2.691 .000 en 1900, cette valeur est tombée à S 825.000 en 1902 (*). L'industrie métallurgique a, au contraire, bénéficié dans une certaine mesure de cette proscription du minerai canadien des usines américaines. Les smelters du Trail et de Nelson, qui s'étaient fondés pour traiter des minerais de cuivre, ont fait du traitement des minerais de plomb une branche importante de leur industrie. Le même fait s'est d'ailleurs passé au Mexique pour les mêmes raisons. Une pareille situation a soulevé naturellement bien des plaintes, et on s'est adressé au Gouvernement. On lui a demandé d'abord d'assurer le marché canadien au plomb canadien. Pour cela, il fallait favoriser l'établissement de raffineries en les soutenant contre la concurrence du trust américain. L'établissement de raffineries permet en outre d'extraire immédiatement l'argent, qui forme 70 p. 100 de la valeur du plomb d'œuvre. On peut alors transporter. le plomb raffiné au loin, par exemple sur le rivage asiatique duPacifique, en employant quelque mode de transport lent, mais économique. L'intérêt du capital dormant n'est plus bien considérable. Le Gouvernement du Dominion a établi une prime pour encourager les raffineries de plomb. Cette prime, comme celles qui ont été instituées pour soutenir l'industrie du fer, va en décroissant d'une année à l'autre. Elle était de $ 5 par tonne de plomb raffiné en 1902, et diminue de $ 1 par an pour s'éteindre en 1907. Le total des primes ne doit pas dépasser $ 100.000 par an. C'est pour répondre à ces encouragements du Gouvernement que le C. P. R. a installé sa raffinerie de Trail. (*) Ces chiffres, qui sont empruntés aux statistiques officielles, sont très arbitraires. On a pris pour valeur de la livre de plomb 90 p. 100 du prix sur le marché de New-York. En réalité, les mineurs colombiens reçoivent beaucoup moins, puisqu'ils ont à payer les droits de douane et le transport. On peut néanmoins comparer les chiffres des deux années.