Annales des Mines (1904, série 10, volume 5)
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AFFAISSEMENTS
PRODUITS
PAR
L'EXPLOITATION
DU
SEL.
la rivière ou au-dessous des alluvions. Les eaux salées saturées formées à la partie basse de ce courant incessant, et entraînées par lui, se mélangeaient plus ou moins aux eaux douces de la partie haute pour ressortir ensemble avec une certaine teneur en sel, une dizaine de degrés par exemple, salure suffisante pour altérer la végétation autour de leur point d'émergence dans les alluvions et attirer ainsi l'attention.
FIG. 5.
La dissolution du sel par cette lente circulation (le débit des sources était assez faible) parvenait à créer au toit dela formation de larges passages, suivis presque exclusivement et de plus en plus par les venues successives. Les fissures marneuses supérieures, étroites, resserrées, ne livrant passage à l'eau que beaucoup plus difficilement,, étaient presque imperméables par rapport au toit du sel,, dont la perméabilité allait en s'accroissant indéfiniment. C'est ainsi que ces nappes salées ont pu prendre le caractère artésien qui leur permettait de s'élever jusqu'au sol l'aval de leur parcours quand une fissure particulièrement large leur permettait de le faire plus facilement (fig. 5). L'eau salée qui émerge en b avec 10 à 15° de salure provient d'une colonne liquide bb { , dont la densité moyenneest d'au moins 1,1; par conséquent, pour la refouler, il faut que, en supposant le toit du sel horizontal, l'entrée
EN
MEURTHE-ET-MOSELLE
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de l'eau douce en a se fasse à une altitude comptée à partir de ce toit, supérieure d'au moins 10 p. 100 à celle de b. Cette altitude, pour les sources du Bas-Sanon, était de 50 à 60 mètres. L'eau douce provenait donc non du thalweg de la vallée, mais de ses flancs et des vallons adjacents, où l'altitude de l'eau douce dépasse de plusieurs mètres le niveau de la rivière. La vallée du Sanon paraît, en effet, coupée transversalement par des cassures qui sont alignées suivant les vallons latéraux qu'elles ont dû créer, tels que l'Axant, le Rouault, la Borde, où les premiers sondages ont rencontré des nappes supra-salifères d'origine naturelle. Malgré la faiblesse relative du débit de ces sources, une quantité importante de sel a été emportée par elles à la rivière. Ainsi, d'après M. Braconnier, le Sanon, qui, en étiage à Einville, n'aurait que 21 milligrammes de sel par litre d'eau, en contiendrait à Dombasle 117. C'est donc à peu près 100 grammes de sel enlevés au gisement par chaque mètre cube jeté par cette rivière dans la Meurthe. Le débit d'étiage étant d'environ 1 mètre cube à la seconde, pour le cours apparent et souterrain, cela fait 3 à 4.000 tonnes de sel enlevé chaque année. On conçoit qu'une telle action, continuée pendant la succession de longues périodes géologiques, ait réussi à entamer sérieusement le gîte primitif. Pour enlever 1 mètre d'épaisseur sur toute la surface correspondant à la vallée du Sanon d'Einville à Dombasle et à Rosières, soit 30 kilomètres carrés environ, il suffirait ainsi d'une érosoin de 30.000.000 mètres cubes, c'est-à-dire de moins de vingt mille ans, ce qui, géologiquement, est un court laps de temps. On peut donc penser que la dépression, profonde de 60 à 80 mètres, où coule le Sanon, a dû être sinon uniquement déterminée, du moins considérablement accrue par l'action continue des sources et des nappes salées.