Annales des Mines (1904, série 10, volume 5)
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AFFAISSEMENTS
PRODUITS
PAR
L'EXPLOITATION
DU
SEL
marnes ne permet guère l'existence que de fissures très resserrées à faible débit. Ces conditions sont profondément modifiées par l'action des forages, trouant largement le manteau protecteur de marnes et créant à l'eau douce des voies d'accès bien plus faciles que les étroites fissures jusque-là utilisées par la nature. C'est par tous les sondages non étanches, actifs ou non, communiquant avec la nappe, que l'eau douce trouve son chemin de prédilection pour alimenter cette nappe, surmenée par les pompages. La dépression piézométrique AB en chaque point {fig. 6) douce
Niveau Niveau ptazomekjqae
Niveau pendant les pompages
Nappe
salée FIG.
6.
accroît d'autant le sillon AA 1 , par rapport à l'eau douce, qui pouvait exister du fait des circonstances purement naturelles. Il y a donc d'abord création d'un centre de dissolution par le seul fait du forage, en dehors de tout p<>m- ' page, ensuite accélération de cette dissolution par les pompages, soit de ce sondage, soit de tout autre accédant à la nappe. C'est ici que se pose pratiquement la question d'étanchéité. Si l'on imagine qu'elle ait été résolue absolument et dès l'origine pour tous les forages pratiqués par la main de l'homme, l'eau douce n'aurait eu, comme tou-
EN
MEURTHE-ET-MOSELLE
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jours, pour accéder au sel, que les fissures naturelles préexistantes. Les pompages auraient sans doute activé la descente de cette eau; mais la dissolution, quoique plus active, aurait continué à se faire dans les mêmes régions d'ailleurs inconnues, et suivant les lignes de cassure alimentaires, c'est-à-dire en engendrant des excavations linéaires, sorte de chenaux allongés à faible section transversale, conditions de nature à éviter ou à retarder longtemps les affaissements du sol. On peut toutefois se demander si l'étroitesse de ces fissures naturelles aurait permis, quelle que soit la dépression piézométrique réalisée, d'alimenter les nombreux pompages surmenant la nappe au point de lui demander un débit 100 fois plus grand que la nature. Au surplus, cette situation théorique, basée sur une étanchéité absolue, n'eût guère été possible. Sous l'action de pompages aussi énergiques, la dépression piézométrique de la nappe, ainsi alimentée uniquement par des fissures naturelles étroites, aurait atteint une très grande importance, plusieurs dizaines de mètres, par exemple, comme dans certains sondages de la basse vallée de la Meurthe, qui travaillent par lac souterrain, et où l'afflux d'eau douce est insuffisamment rapide. Or il eût été bien difficile de réaliser, pour les forages, une étanchéité susceptible de résister absolument et indéfiniment à des suppressions d'eau douce atteignant plusieurs atmosphères. Qu'on se rappelle la difficulté d'étancher des barragesréservoirs hauts de 20 à 30 mètres, cependant construits en plein jour et avec tous les soins possibles. Dans ces conditions, le forage le mieux étanché eût toujours laissé suinter au moins quelques gouttelettes d'eau douce qui, à la longue, auraient créé à sa base une chambre de dissolution; peu à peu des éboulements se seraient produits, désorganisant complètement l'étanchéité éphémère primitive.