Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1904, série 10, volume 6)

252

DÉCOMPOSITION DES CIMENTS A LA MER

« cet indice la silice et l'alumine combinées à la chaux, « soit pendant la cuisson, soit, dans le cas d'additions « pouzzolaniques, pendant le durcissement. » Je me contenterai de présenter un mémoire personnel, ayant pour objet de préciser la voie à suivre dans l'avenir pour arriver à des résultats plus féconds que par le passé. L'échec des expériences innombrables, faites sur la décomposition des ciments à la mer, provient de la méthode exclusivement empirique suivie jusqu'ici. La méthode scientifique si fructueuse de Vicat a été abandonnée aussitôt après sa mort, une funeste réaction s'est produite contre ses idées. La tendance générale, tant parmi les fabricants de ciment que parmi les ingénieurs-constructeurs, est de poursuivre ces études en essayant à la mer, dans les conditions ordinaires d'emploi, des blocs de maçonnerie construits avec les mortiers de chantier habituels et en suivant la marche progressive de leur destruction. Pour tirer des conclusions probantes de tels essais, il faut au moins attendre un demi-siècle. La France est le seul pays où cette question ait été mise à l'ordre du jour depuis un temps un peu reculé. En 1853, les Ministres des Travaux publics et de la Marine donnèrent l'ordre d'organiser, sur un programme déterminé, des études de cette nature dans les principaux ports français. Malheureusement on n'eut pas la persévérance de les suivre le temps voulu, et, aujourd'hui, le port de la Rochelle est le seul à posséder une série complète de résultats. Tous les blocs, mis en expérience dans ce port, sont aujourd'hui disparus ou peu s'en faut. Les deux plus résistants avaient été fabriqués, l'un avec des mortiers très riches d'un ciment Portland anglais à grosse mouture; le second avec des mortiers d'un ciment maritime à fort indice fabriqué par Vicat. En Allemagne, on a organisé il y a quelques années des

DÉCOMPOSITION DES CIMENTS A LA MER

253

expériences de même nature, mais il faudra attendre longtemps avant de pouvoir en tirer aucune conclusion. En France, on se préoccupe également de reprendre ces études. L'expérience du passé autorise peut-être à un certain scepticisme à l'égard des résultats de l'avenir. Il ne sera pas inutile de rappeler dès le début de ce travail les différences essentielles entre les méthodes de recherches empirique et scientifique. Tout phénomène naturel est une fonction d'un certain nombre de facteurs plus simples, de variables indépendantes : Z = f(x,y, z).

La méthode scientifique consiste à chercher systématiquement : 1° Quelles sont toutes les variables indépendantes dont dépend le phénomène considéré ; 2° Quelle est l'importance relative de chacune de ces variables sur la grandeur du phénomène étudié ; 3° Et, dans la mesure du possible, quelle est la forme algébrique de la fonction qui rattache le phénomène à ses facteurs. Pour arrivera cette détermination, la méthode à suivre consiste k faire varier k la fuis une seule des variables de la fonction et k suivre la loi de sa variation. La méthode empirique, au contraire, fait varier simultanément et au hasard toutes les conditions d'un phénomène, se contentant de mesurer la grandeur de celles qui sautent aux yeux ; puis, en comparant les mesures ainsi faites au résultat obtenu, on cherche si une relation évidente se présente entre le phénomène étudié et ses conditions génératrices. Lorsqu'il s'agit d'un phénomène simple, comme la relation entre le poids d'une masse d'eau et son volume, la relation de proportionnalité entre le poids et le volume saute de suite aux yeux, quelles que soient les observa-