Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1905, série 10, volume 7)

274

LA FORMATION CHARBONNEUSE SUPRACRÉTACÉE

peut être décidément considérée comme campanienne (sénonien supérieur). 3° Au milieu de cette formation charbonneuse sénonienne apparaissent des bancs de calcaires construits, ipie M. Wankoff avait envisagés comme des intercala! fions du même âge et qui représentent, au contraire, des apparitions accidentelles d'un terrain plus ancien, le calcaire à orbitolines et à radiolites du cénomanien, avec des contacts anormaux. 4° Tous ces terrains ont subi, d'abord avant le flysch, puis postérieurement au flysch et avant le néogène, une première série de mouvements, par suite desquels l'ensemble des dépôts antérieurs au néogène présente, dans le Balkan central, un renversement complet et général vers le Nord, avec une poussée dans ce sens Nord vers le platéau prébalkanique : les strates ont toutes un plongement vers le Sud et se montrent, quand on les recoupe transversalement du Nord au Sud (Pl. VI, fig. 2 et 3), dans un ordre de superposition inverse de leur ordre normal. La coupe du Balkan se présente comme dyssymétrique : la série des terrains étant relativement complète sur le flanc Nord, qui est le flanc adouci, et brusquement interrompue au gneiss sur le flanc Sud, qui est le flanc abrupt, jalonné par des effondrements. Ces caractères et, en particulier, ce renversement semblent attribuables à la compression du géosynclinal Est-Ouest entre deux voussoirs solides de l'écorce terrestre, un avant-pays et un arrière-pays situés, l'un au Nord (plate-forme russe), l'autre au Sud (Rhodope), qui se seraient rapprochés l'un de l'autre avec des vitesses inégales et auraient amené le chevauchement du Balkan plissé sur son avant-pays horizontal, avec suppression mécanique de la zone intermédiaire et, par conséquent, changement brusque de faciès au contact. Des dislocations longitudinales, qui semblent avoir pris

DES BALKANS

275

l'allure d'effondrements, ont ensuite amené le dépôt des terrains néogènes à lignites dans une série de cuvettes parfaitement délimitées, dont une traînée marque le flanc Sud de la chaîne, mais dont plusieurs, comme à Iurca et Kunari ou Bela, s'y intercalent, et la suite de ces mouvements (avec accidents connexes Nord-Sud), mouvements accompagnés par des manifestations éruptives nombreuses à partir des andésites sénoniennes jusqu'aux basaltes post-néogènes, a parfois bouleversé ces terrains néogènes eux-mêmes. 5° Enfin il y a lieu de signaler une disposition orographique très caractéristique, sur laquelle je ne sais si l'on avait encore attiré l'attention et dont je vais dire de suite quelques mots pour ne plus avoir à y revenir. Ainsi que je l'ai mis en évidence sur la Pl. VI et sur les coupes 2 et 3, la ligne de partage des eaux est, en effet, dans une grande partie de la région des Balkans que j'ai parcourue, à plusieurs kilomètres en avant vers le Nord de la crête orographique : les rivières, qui coulent vers le Sud, traversent cette crête (où dominent, avec les grès sénoniens et parfois les calcaires triasiques, les roches dures granitiques et gneissiques), par des gorges analogues à celles de nos rivières du Plateau Central. La différence est sensible, puisque la distance entre la ligne do partage et la crête va de 5 à 10 kilomètres et la différence d'altitude atteint 4 à 500 mètres. Ce phénomène n'existe, ni à l'Ouest .du côté de Kasanlik, ni k l'Est vers Slivno ; il est donc particulièrement caractérisé dans la zone où la formation charbonneuse prend sa plus grande largeur. Quand on en cherche la cause, on est tenté de l'attribuer au simple effet de l'érosion elle-même, en imaginant que, lorsque le régime actuel des eaux a commencé k s'établir, la crête se trouvait en (3 k l'aplomb de la ligne de partage; s'il en était ainsi, les eaux de la