Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1905, série 10, volume 7)

276

DES BALKANS

LA FORMATION CHARBONNEUSE SUPRACRÉTACÉE

région £7 auraient alors pris leur pente vers le Sud du côté de la Toundja, et leur lit se serait peu à peu approfondi en gardant la même position ; mais le travail d'érosion, ayant pour effet de maintenir le profil d'équilibre, serait resté localisé à la vallée même dans les roches gneissiques, tandis que, dans les grès sénoniens plus friables, il se serait étendu par le ruissellement à l'ensemble du bassin, et en aurait ainsi abaissé la surface générale. C'est ainsi que la ligne de crête, restée presque à la même place à l'Ouest et à l'Est, où elle se trouvait dans les roches dures gneissiques, aurait reculé peu à peu vers le Sud, en s'écartant déplus en plus delà ligne de partage des eaux, dans la région centrale, où le sénonien occupait une plus large superficie. De toute façon, le caractère physique des terrains à dû influer sur la disposition prise par le phénomène. Il y a cependant une objection à l'hypothèse précédente : c'est le parallélisme absolu qu'elle exige entre le sciage des vallées dans le gneiss et l'ablation du bassin sénonien. Si, en effet, à un moment, la barrière de gneiss avait résisté davantage, il se serait formé un lac à l'amont de ce barrage, et la faible barrière de grès sénonien, qui amène le partage des eaux, aurait pu, ce semble, être emportée, déterminant un changement de sens dans le courant. On peut alors songer a une autre explication, qui a < ; té proposée pour des cas semblables, et attribuer ce géomorphisme à un mouvement de bascule, qui aurait lentement relevé le Sud des Balkans par rapport au Nord après le moment où le régime hydrographique avait commencé à s'établir et qui aurait déterminé ainsi le sciage progressif de la crête par les torrents. En rapport avec cette idée, on peut remarquer que, sur tout le flanc Sud des Balkans, qui est tourné vers la vallée des Roses (haute Toundja), les roches gneissiques et

277

granitiques ont subi une altération, dont la profondeur et l'intensité sont tout à fait exceptionnelles, et, si la dernière théorie que je viens d'indiquer était admise, on pourrait voir, dans cette altération profonde, la preuve que le niveau hydrostatique s'est peu à peu approfondi par suite du sciage supposé. Cette altération entraîne aujourd'hui un régime torrentiel, des crues excessives et des dévastations de la plaine fertile, qui se sont trouvées encore accrues par la destruction générale des forêts sur ce flanc Sud, due au séjour plus prolongé des Turcs. Étant donné le déplacement progressif des massifs solides du Sud (Rhodope, etc.) dans le sens du Nord, qui parait résulter du renversement indiqué plus haut et qui s'est incontestablement continué après le néogène, dont les terrains apparaissent troublés par lui, ce phénomène d'antécédence impliquerait peut-être la continuité récente du même refoulement, qui aurait encore continué à pousser le Rhodope vers la plate-forme russe, d'un mouvement très lent, à une époque tout à fait voisine de nous (*.). On aurait donc là, suivant la théorie des géosynelinaux, une région faible de l'éeorce, compris?, entre deux massifs solides au Nord et au Sud: région, qui, par le rapprochement de ces deux voussoirs, aurait subi des plissements successifs, tantôt en creux avec formation de cuvettes synclinales à dépôts charbonneux, tantôt en relief avec surrection de chaînes montagneuses, et ces mouvements se seraient continués presque jusqu'à nous, si même ils sont interrompus. Je commencerai par rappeler sommairement l'historique de la question et la géologie générale du Balkan central : nous passerons ensuite à la géologie spéciale de la (*) M. Cvijic admet, pour l'Est des Balkans, un affaissement postérieur au pliocène, qui aurait produit les limans sur la côte de la mer Noire (comme v. Richthofen et N. Sokolow l'ont admis pour ceux de Russie), par la submersion d'anciennes vallées. Tome VII, 1905.

19