Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1905, série 10, volume 7)

344

EMPREINTES VÉGÉTALES DE LA FORMATION CHARBONNEUSE SUPRACRÉTACÉE DES BALKANS

que la dernière foliole latérale, la plus élevée, se soude, sur l'un comme sur l'autre échantillon, bien qu'à des degrés inégaux, à la foliole terminale, et que, du côté opposé, le limbe de celle-ci se prolonge le long de l'axe jusqu'à la naissance de la première foliole latérale. Aussi, malgré l'absence de terminaison des folioles de l'échantillon fig. 13, ne peut-il, à ce qu'il me semble, y avoir de doute sur l'identité spécifique de ces deux fragments de feuilles. La figure grossie 13 a met en évidence les caractères fournis par la base d'insertion des folioles latérales, décurrentes vers le bas sur l'axe principal, à limbe contracté au contraire en une sorte de court pétiole du côté antérieur. La décurrence du bord postérieur va, d'ailleurs, en diminuant à mesure qu'on s'éloigne du sommet de la feuille, et les folioles latérales, d'abord entières, puis incisées sur leur bord postérieur, font place à des segments pinnés qui, autant qu'on en peut juger d'après la partie inférieure, à gauche, de la fig. 13, empruntée à la contreempreinte, reproduisent la disposition que présentait la région supérieure, simplement pinnée, de la feuille. Parmi les feuilles fossiles de Dicotylédones qui ont été jusqu'à présent décrites et figurées, je n'en vois qu'une seule avec laquelle celle dont je viens de parler puisse être comparée : c'est la feuille du Cénomanien de Bohême que M. Velenovsky a fait connaître sous le nom de Cussoniphyllum partitum (*•), l'identifiant spécifiquement au Cussonia partita antérieurement décrit par lui (**). Cette feuille est simplement pinnée dans sa région supérieure, bipinnée dans sa région inférieure, et ses folioles latérales offrent, à leur base d'insertion, les mêmes caractères que celles des échantillons recueillis par M. de Launay, plus (*) J. Velenovsky, Kretena Ceskeho Cenomanu, p. 22, pl. V, fig. tt 1889. (**) J. Velenovsky, Die Flora der bohmischen Kreide formation, p. 13, pl. V, fig. 1. 1882.

345

ou moins longuement décurrentes sur leur bord postérieur, à limbe contracté, au contraire, et comme atténué en pétiole du côté antérieur. Il semble bien qu'on ait affaire là au même type générique, le mode de découpure des folioles, munies sur leurs bords de dents arrondies, et non tridentées au sommet, étant toutefois assez différent de ce que l'on observe sur les échantillons de Bulgarie pour qu'il n'y ait pas à songer à une identification spécifique. Mais la détermination générique de M. Velenovsky ne me paraît pas pouvoir être acceptée, les recherches que j'ai faites dans l'herbier du Muséum de Paris ne m'ayant montré dans le genre Cussonia aucune forme dont ce Cussoniphyllum partitum puisse être légitimement rapproché; sans doute l'échantillon originairement figuré comme Cussonia partita offre une réelle analogie avec le Cussonia spicata Thunberg de la flore actuelle, ainsi que l'avait dit M. Velenovsky, mais la feuille figurée comme Cussoniphyllum partitum est construite sur un plan tout différent, et je crois qu'il conviendra d'en rectifier l'identification spécifique comme l'appellation générique. Le rapprochement avec les Cussonia auquel m'avait fait songer, pour les échantillons de la Concession Bodoshti, la détermination de M. Velenovsky, me paraissant ainsi devoir être écarté, j'ai eu recours aux lumières de MM. Flicheet L. Laurent, dont on sait la compétence en matière de flores tertiaires et de Dicotylédones fossiles, et tous deux se sont accordés à me signaler, pour ces échantillons, des affinités possibles avec les Grevillea, à raison notamment de la terminaison tridentée des folioles, qui s'observe, en effet, chez un assez grand nombre d'espèces de ce genre. L'examen que j'ai fait des Grevillea de l'herbier du Muséum ainsi que de plusieurs genres voisins de la même famille m'a permis de constater que les feuilles en question étaient bien, très probablement, des feuilles de Protéacées, comparables surtout à certaines