Annales des Mines (1905, série 10, volume 7)
Page : Image 223
Révision de 30 janv. 2015 06:39:37, edited by Anonymes
438
L'EXPLOITATION
nu
PÉTROLE
EN
ROUMANIE
put regagner en 1903 une partie de ses anciennes positions. — La vente du pétrole lampant a subi des fluctuations analogues. Après une période de concurrence aiguë, les deux principaux importateurs de pétrole russe en Angleterre avaient conclu une entente dont faisaient également partie les représentants de la Standard Oil. Il en résulta une hausse des cours dont la Roumanie put tirer parti. Mais, peu de temps après, trois Compagnies dissidentes de Bakou réussirent à faire tomber les prix de 2 pence par gallon (*) (4,5 pence en janvier 1903 contre 6,5 pence en avril .1901). La Roumanie était impuissante à soutenir la lutte, et ses expéditions de lampant cessèrent complètement dans les six premiers mois de 1903 ; elles ont repris depuis lors et se sont élevées, pour les six premiers mois de 1904, à 8.126 tonnes. L'une des sociétés qui s'occupent le plus activement du commerce et du transport international du pétrole, « The Shell Transport and Trading C° », a d'ailleurs conclu avec une entreprise roumaine un traité garantissant la fourniture d'un minimum fixe et d'un maximum illimité de pétrole lampant, pendant une durée de dix ans. La même société roumaine signait, en septembre 1903, avec une autre maison anglaise, un contrat très analogue relatif à la benzine : elle s'engage à fournir pendant cinq ans une quantité minimum annuelle de 10.000 tonnes ; ce chiffre représente près de la moitié de la production totale du pays. Cette heureuse transaction est venue fort à propos consolider les conditions de vente de la benzine, dont l'écoulement venait de se trouver sérieusement compromis sur Le marché allemand. Allemagne. — L'Allemagne est celui de tous les pays d'Europe qui importe le plus de pétrole lampant, et c'est dans cette direction que les exploitants roumains con(*) Le gallon vaut 4" , ;84.
L EXPLOITATION
DU
PETROLE
EN . ROUMANIE
439
centrent tous leurs efforts. Le Danube constitue une voie de pénétration particulièrement avantageuse, et les travaux importants dont il a été l'objet en ces derniers temps permettent aux bateaux de l m ,80 de tirant d'eau de remonter sans danger jusqu'à Ratisbonne. Les bateauxciternes ou « tanks », utilisés pour le transport, ont en général 60 mètres de longueur, 8 mètres de largeur, l m ,80 de tirant d'eau ; leur capacité est de 3 à 400 tonnes. La durée du trajet jusqu'à Ratisbonne, y compris le parcours par voie ferrée de Campina à Giurgevo, est de quatre semaines ; les frais s'élèvent à 2 fr. 10 par 100 kilogrammes. Le Gouvernement autrichien voit d'assez mauvais œil le développement de ces transports par le Danube, qui prive ses chemins de fer d'un élément appréciable de recettes, et favorise, d'autre part, l'industrie roumaine aux dépens des exploitations similaires de Galicie et de Bukowine. Aussi résolut-il, en février 1902, d'interdire le transport par tanks de toutes les huiles minérales qui, à la pression de 760 millimètres de mercure, ont un point dïnflammabilité inférieur à 21° C. Cette mesure visait spécialement le pétrole brut et la benzine. L'émotion fut très vive en Roumanie et en Bavière ; le Gouvernement roumain intervint et obtint le retrait du règlement de 1902. La benzine de Roumanie s'écoule assez facilement en Allemagne ; les besoins de la consommation dans ce dernier pays étaient assurés en 1901 de la manière suivante : ÉtatsUnis, 50 p. 100 ; Galicie, 25 p. 100; Roumanie, 25 p. 100; les prix atteignaient 1.600 et même 2.000 francs le wagon. Mais, en mars 1902, apparut un nouveau concurrent. Une société hollandaise se déclara prête à livrer immédiatement 4.000 wagons de benzine de Sumatra à un prix 1res inférieur aux cours adoptés. On annonçait même des Prix absolument dérisoires (400 francs le wagon), certai-