Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)
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CONDITION
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OUVRIERS
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quatre-vingt-quinze personnes et qui, quoi qu'on en ait pu dire au début, a été indubitablement due au grisou. Et ce n'est pas là un cas isolé, car cette explosion a été précédée d'une série d'autres, survenues soit en Nouvelle-Zélande, soit en Nouvelle-Galles du Sud, qui ont appelé, cela est vrai, l'attention sur le terrible danger du grisou, mais qui n'ont cependant pas provoqué jusqu'ici de mesures de précaution suffisantes. Parmi ces explosions quelques-unes avaient d'ailleurs déjà eu les proportions de catastrophes : par exemple, celle de Kaïtangata (N. Z.), en février 1879, avec 34 ouvriers tués ; celle de la mine deBrunner (N. Z.), survenue le 26marsl896, coûtant la vie à 65 personnes ; et enfin celle de la mine de Bulli dans le district de Wollongong (N. G. S.), qui, le 23 mai 1887, a fait 83 victimes. Lorsque de tels accidents se sont produits, on ne manque pas d'ouvrir des enquêtes interminables ; le service de l'inspection des mines en fait une au point de vue administratif, tandis qu'au point de vue répressif le « coroner », assisté d'un jury, en fait une autre (comme d'ailleurs pour tout accident mortel) en vue de rechercher les responsabilités encourues. Enfin, dans les cas qui émeuvent l'opinion, une commission spéciale (Royal Commission) est nommée en plus, avec les pouvoirs les plus étendus pour déterminer les circonstances et rechercher les causes de l'accident, et pour émettre tous avis sur les responsabilités engagées et sur les suites que l'affaire peut comporter. Une telle commission, constituée généralement de gens insuffisamment compétents^ ou complètement incompétents, ne peut guère que réunir au hasard des renseignements d'une valeur quelconque, et ne saurait aboutir à dégager nettement des faits les enseignements qu'ils comportent. Tel a été, en particulier, le cas de la commission qi i
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fut nommée à la suite de la catastrophe de Mount-Kembla dont je viens de parler : composée d'un magistrat de la Cour président, d'un ingénieur, et du secrétaire général d'une Union de mineurs, elle n'a pas consacré moins de 41 jours à ses interrogatoires et a entendu 57 témoins. Son travail a abouti à la publication, un an après l'accident, d'un énorme volume in-folio de près de 1 .100 pages d'une fine impression, dans lequel on ne trouve même pas les renseignements essentiels qui permettraient de se faire une idée sur les véritables causes de l'accident! Dans le cas où de telles enquêtes aboutissent à des poursuites correctionnelles contre des agents ou ouvriers inculpés d'imprudence ou de contravention, il ne semble pas que les Inspecteurs des mines aient auprès des tribunaux beaucoup d'autorité pour provoquer les sanctions nécessaires. Aussi, bien que les rapports annuels du service des mines mentionnent quelques condamnations, j'ai lieu de croire que les poursuites aboutissent plus d'une fois à des acquittements qui, s'ils respectent scrupuleusement la lettre des lois et règlements, comme dans le cas dont je vais faire mention, défient le bon sens et semblent encourager les imprudences et l'inobservation des règlements. C'est ainsi que, pendant mon séjour en Nouvelle-Galles du Sud, le directeur d'un charbonnage où s'était produite une explosion de grisou tuant 3 hommes et en blessant 6 autres avait bien été condamné en première instance, en raison de l'inobservation de l'article du règlement qui veut qu'avant le début du poste tout chantier soit visité en vue de reconnaître s'il ne s'y trouve pas de grisou; mais, ayant fait appel, il fut acquitté. La raison de l'acquittement a été que, poursuivi, à la demande de l'Inspecteur des mines, pour n'avoir pas, conformément au règlement, « désigné une personne compétente pour « faire chaque matin la visite réglementaire des chantiers », il avait été condamné par les premiers juges pour n'avoir