Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)
Page : Image 178
Révision de 4 févr. 2015 23:41:59, edited by Anonymes
350
CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE
pas veillé à ce que cette visite fût faite régulièrement, c'est-à-dire qu'il avait été condamné pour une contravention autre que celle qui avait été relevée contre lui et pour laquelle il avait été poursuivi. Quelque ingénieuse que puisse paraître cette distinction, il n'en reste pas moins qu'un directeur, qui a été reconnu responsable de la mort de 3 de ses ouvriers et de blessures survenues à 6 autres comme n'ayant pas fait le nécessaire pour assurer l'observation d'une prescription réglementaire essentielle et qui eût évité l'accident, a échappé à toute sanction ! Statistiques d'accidents. — Malgré les difficultés auxquelles se heurte l'application des règlements de police dans les mines de l'Australasie, il faut, pour être juste, reconnaître que des efforts réels sont faits dans cette voie. D'ailleurs, si les résultats qui ont été obtenus ne sont pas ce qu'ils devraient être en raison des conditions, particulièrement favorables à la sécurité, qu'offrent tant les exploitations houillères que l'extraction de l'or (qui a même fort souvent lieu à ciel ouvert dans des gîtes alluvionnaires), ils sont néanmoins presque comparables à ceux de nos pays. En relevant dans les statistiques officielles les nombres d'ouvriers tués par accident (seuls nombres qui puissent être établis sans qu'une question d'appréciation risque de venir fausser toutes les comparaisons que l'on pourrait tenter), et en les comparant aux nombres totaux des ouvriers employés dans les mines, on obtient des taux de mortalité par accident que l'on peut rapprocher de ceux de nos exploitations. C'est ainsi qu'en Nouvelle-Zélande, au cours des cinq années qui ont précédé mon voyage, on a compté :
CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE Années
Nombre lotal d'ouvrier» tué» par accident
1897 1898 1899 1900 1901 Moyenne...
18 22 21 16 17 19,4
351
Nombre total d'ouvriers travaillant dans les mines
Proportion par mille ouvriers
16.110 13.075 13.i44 15.962 15.481 13.734
1,07 1,43 1,55 1,00 |,H
1,23
La proportion moyenne qui ressort de ces chiffres, soit 12 ouvriers tués pour 10.000 ouvriers employés dans les mines, ne parait pas très forte au premier abord, puisqu'elle ne dépasse pas de plus de 10 p. 100 celle que l'on constate en France. Mais il faut bien observer que la moitié des mineurs néo-zélandais travaillent dans des exploitations d'or d'alluvions, c'est-à-dire au jour, et y travaillent en outre d'une façon fort intermittente (*) ; il faut remarquer, d'autre part, que le personnel des mines d'or en roche se compose pour moitié au moins d'ouvriers du jour, à cau -ie de l'importance relative des usines de traitement. L'ensemble des ouvriers des mines de la Nouvelle-Zélande comprend donc à peine plus d'un quart de travailleurs souterrains (28,2 p. 100 en 1901). Je n'ai pas la décomposition des accidents mortels du tableau ci-dessus suivant qu'ils ont atteint des ouvriers du fond ou du jour; mais, si l'on applique séparément à ces deux catégories d'ouvriers néo-zélandais les coefficients de mortalité par accident des mines françaises (soit 1,40 p. 1.000 pour les ouvriers du fond et 0,58 p. 1.000 pour les ouvriers du jour !, on trouve que la mortalité pour l'ensemble des ouvriers de la Nouvelle-Zélande n'aurait pas dû dépasser en 1901, si la sécurité y avait été aussi
(*) C'est ce qui ressort, comme je l'ai déjà fait remarquer, du montant des salaires annuels auxquels on est, conduit en prenant pour le nombre «ouvriers des mines d'or d'alluvions les chilfres adoptés dans le tableau ci-dessus. Tome VIII, I90o.
24