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abri suffisant, il doit soit payer un loyer atteignant plusieurs centaines de francs par an, soit réussir à économiser quelques milliers de francs pour se faire construire sa petite maison de bois. Ce n'est que l'ouvrier célibataire, ou celui qui vit en célibataire, étant venu chercher fortune dans quelque riche champ d'or perdu au milieu du désert, tandis qu'il laissait femme et enfants vivre à bon marché dans une des régions fertiles du continent, qui peut se loger à bon compte. Il y parvient soit en vivant en pension, soit en se contentant des dortoirs que l'exploitant met parfois gratuitement à la disposition de son personnel, comme par exemple à Reefton (N. Z.), soit enfin en logeant sous une tente plantée sur les terrains dépendant de la mine, comme cela a encore souvent lieu à Kalgoorlie (A. -0.), et comme cela est la règle générale plus avant dans l'intérieur de cette même Colonie.

Vêtements. — Si de la nourriture et du logement on passe aux vêtements, on arrive à des objets manufacturés, c'est-à-dire à des objets dont le prix est extrêmement élevé dans toutes les Colonies, et tout particulièrement en Nouvelle-Zélande. Tout ce qui est manufacturé sur place, dans des établissements qui ne bénéficient ni du développement considérable ni du perfectionnement de l'outillage ni du bon marché des matières premières, que l'ontrouveaux Etats-Unis par exemple (où la main-d'œuvre est également chère), ne saurait en effet que coûter en raison de l'élévation générale des salaires. Quant aux articles importés, bien que grevés de frais de transport, ils auraient eu vite fait de tuer toute industrie locale s'ils n'avaient été frappés de droits protecteurs de 20 et 25 p. 100 ad valorem et parfois même plus, destinés d'ailleurs, en même temps, à aider les Gouvernements à faire face aux charges énormes que leur politique socia-

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liste leur a imposées (*). C'est donc dire que le linge, les vêtements, les chaussures, etc., sont beaucoup plus coûteux là-bas que chez nous. J'ajoute que l'ouvrier mineur, qui jouit de plus de liberté, et qui, d'une façon générale, se crée d'autant plus de besoins (bien artificiels en la matière) que sa situation est relativement meilleure, entend être vêtu comme un « gentleman ». On comprend donc que l'habillement lui coûte fort cher pour lui et pour sa famille, et l'on ne sera pas surpris qu'un mineur, que je m'étonnais de ne pas voir plus satisfait de son sort avec un salaire double de celui que gagnent nos ouvriers français, se soit lamenté de la faiblesse extrême du pouvoir d'achat de ce salaire et m'ait dit en particulier : « Croiriez-vous, Monsieur, que je suis obligé de payer 5 shellings (6 fr. 25) la cravate que je porte ! » Conclusion. — Si l'on tient encore compte d'un certain nombre de besoins de ce genre, plus ou moins artificiels et dont la satisfaction n'ajoute rien au bien-être réel de l'ouvrier, si l'on ajoute ce qu'il dépense au « bar » en « whisky » et autres boissons alcooliques, que la langue anglaise dénomme si justement « intoxicating liquors», mais dont l'ouvrier ne s'abstient pas pour cela plus que chez nous, et enfin si l'on fait état de gaspillages très fréquents, tels que ceux qu'il fait en cédant à la passion des paris aux courses, si universelle en Australasie, on ■comprend aisément que l'ouvrier mineur arrive vite à dépenser les hauts salaires dont j'ai fait mention. Quoi qu'il en soit, les dépenses de première nécessité sont au total notablement plus élevées là-bas que chez nous, si bien que l'excédent du salaire sur ces dépenses (*) Je rappelle qu'en outre les Colonies de l'Australasie, bien que vieilles de moins de cent ans, et n'ayant pas eu jusqu'ici de charges militaires, sont toutes obérées de dettes considérables.