Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)
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CONDITION
DES
OUVRIERS
DES
MINES
EN AUSTRALASIE
CHAPITRE II. LA SITUATION MORALE
DES OUVRIERS MINEURS.
LEURS GROUPEMENTS ET LEURS TENDANCES.
§ I. —
SITUATION MORALE DES OUVRIERS MINEURS.
Les ouvriers mineurs de l' Australasie ont donc des journées de travail courtes et de hauts salaires, sans d'ailleurs que le pouvoir d'achat de ceux-ci soit notablement plus élevé que chez nous ; mais ils n'en sont pas pour cela plus satisfaits de leur sort. Bien qu'ils aient, d'une façon générale, obtenu effectivement la journée de 8 heures, qui est le rêve de leurs camarades du vieux monde, et qu'ils aient même souvent obtenu mieux, ils n'en sont pas moins constamment à réclamer, avec tout autant d'acharnement qu'eux, des réductions dans la durée du travail. D'autre part, tout en constatant que le pouvoir d'achat de leurs hauts salaires reste, parla force même des choses, relativement faible, ils ne cessent de réclamer que ces salaires soient encore augmentés, sans comprendre que leur élévation incessante, qui ne saurait se limiter à eux seuls au milieu de tout le monde ouvrier, ne peut guère amener d'amélioration réelle à leur situation matérielle, et doit au contraire fatalement arrêter le développement de l'industrie minière et tuer en quelque sorte leur poule aux œufs d'or. Aussi sont-ils loin de se trouver satisfaits de conditions du travail qui, à ne considérer que les quelques chiffres qui les caractérisent, paraîtraient en elles-mêmes superbes aux veux des ouvriers de nos contrées; presque partout,
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au contraire, ils se déclarent fort mécontents de leur sort et ils vont même parfois, comme je le mentionnais cidessus, jusqu'à se prétendre réduits à la famine. C'est d'ailleurs cet état d'esprit que révèlent les perpétuelles réclamations et les recours à l'arbitrage si nombreux dont j'ai eu à faire mention dans ce qui précède; et les indications que j'ai été amené à donner au sujet des prétentions qu'ils mettent en avant en pareil cas montrent qu'ils ne sont pas encore près d'avoir pleine satisfaction, à supposer même, contrairement à ce qu'a toujours montré l'expérience, que leurs prétentions ne croissent pas à mesure qu'ils obtiennent des satisfactions partielles. D'une part , ils voudraient voir écour ter encore les heures de travail par l'admission dans le compte des 8 heures, là où cela n'est pas encore le cas, du temps consacré au repos et aux trajets, — par la réduction à 6 heures de la durée de la journée toutes les fois que le chantier présente quelque difficulté spéciale, — par l'extension de la courte journée du samedi, — par la multiplication desfêtes chômées, etc. Ils voudraient enoutre, dans le même ordre d'idées, voir supprimer, ou du moins modifier par l'octroi de la garantie d'un salaire minimum, le travail par contrat, qui rémunère les ouvriers suivant l'effort fourni, et qui assure ainsi au patron une certaine somme déterminée de travail eméchange du salaire. D'autre part ils ne manquent pas, à chaque occasion, d'exiger, d'une façon ou de l'autre, des augmentations soit dans le tarif des salaires à la journée, soit dans les prix de base pour la fixation des salaires aux pièces. Tels sont les deux objets essentiels de toutes leurs revendications, auxquelles s'ajoutent souvent celles qui ont trait à la puissance de leurs unions ouvrières. Ce sont d'ailleurs ces Unions qui sont les artisans dè toutes ces réclamations : elles se donnent pour mission, avant -même que de chercher à obtenir des améliorations à- la condition