Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)

446

CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

tater par moi-même la réelle valeur personnelle des ouvriers qui sont à la tête des Unions de mineurs des différents districts que j'ai visités, la courtoisie qu'ils sont susceptibles d'apporter dans les relations même avec ceux qui ne partagent pas leurs idées, et la modération relative qu'ils savent mettre dans la forme pour les soutenir. Aussi les entretiens entre ces représentants des ouvriers et les patrons peuvent-ils, sinon aboutir souvent à une entente, bien difficile à réaliser étant donné l'opposition absolue des idées qui guident les uns et les autres, du moins se poursuivre avec calme et correction ; ils ont en effet lieu entre hommes qui peuvent s'estimer réciproquement, et qui ne paraissent pas, comme cela s'est trop souvent vu chez nous, ne songer, les uns qu'à persécuter plus ou moins ouvertement les meneurs de leur personnel, et les autres qu'à injurier et calomnier dans les réunions publiques leurs patrons pour lesquels ils s'imaginent être devenus inviolables par leur seule qualité de président ou de secrétaire d'un syndicat. Si les relations entre patrons et ouvriers ne peuvent que gagner au choix judicieux qui est fait des administrateurs des Unions, il en est de même de la gestion des intérêts de celles-ci. J'ai déjà fait observer que l'existence d'une caisse de secours gérée par l'Union exige, dans une certaine mesure, qu'il en soit ainsi ; les intérêts généraux de la collectivité en profitent largement en même temps. Les Unions de mineurs, dont les cotisations atteignent généralement 6 d. (0 fr. 625) par semaine, ce qui paraîtrait quelque peu élevé chez nous, ont d'ailleurs des revenus importants; une partie sans doute de ces revenus servent à couvrir les allocations courantes prévues en faveur des membres victimes d'accidents ou, éventuellement, atteints de maladies, mais ils laissent toujours une encaisse élevée, ce qui permet de consacrer à l'adminis-

COND1TION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

447

tration même de l'Union les sommes nécessaires. C'est ainsi que, pour toute Union de mineurs un peu importante, l'un au moins des membres du bureau donne tout son temps à la gestion des affaires communes, et reçoit en compensation des émoluments tels qu'un ouvrier intelligent n'hésite pas à s'en charger : ici c'est une somme de 3 £ (75 fr.) ou 3 £ 1/2 (87 fr. 50) qui lui est allouée par semaine, là ce sont 200 £ (5.000 fr.) par an. C'est encore ainsi que la Fédération des ouvriers du bassin houiller de Newcastle, jugeant utile de faire inspecter périodiquement les mines du bassin, comme la loi lui en donne le droit, a pu désigner à cet effet un ancien ouvrier expérimenté et capable, auquel elle n'assure pas moins de 200 £ (5.000 fr.) par an, et que les différentes sections (branches) de cette Fédération entretiennent à leurs1 frais les peseurs contrôleurs (checkweigher) prévus par la loi pour vérifier les poids de bennes dont il est tenu compte aux piqueurs. De même, le jour où des membres d'une Union sont frappés de renvoi dans des conditions que celle-ci ne juge pas pouvoir admettre, et qui lui paraissent de nature à menacer sa puissance, elle peut leur venir efficacement en aide [ainsi d'ailleurs que le prévoient le plus souvent les statuts (*)], soit en leur donnant quelque emploi dans sa propre administration, soit en leur fournissant, pendant des mois s'il le faut, l'équivalent des salaires dont ils sont privés. Le différend des mines d'or d'Hauraki (N. Z.), dont j'ai longuement parlé dans la première partie de ce travail, en a donné un exemple frappant : quelques ouvriers des mines de Waihi ayant trouvé insuffisants les salaires qui leur étaient alloués et ayant provoqué un mouvement d'opinion (*) Voir ci-dessus les statuts de l'Union des mineurs d'Inangahua, alinéa d ; — les statuts de la Fédération des ouvriers des houillères du Nord de la Nouvelle-Galles du Sud, art. 2, 6°; — et les statuts de la section de Broken-hill, alinéa c.