Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)

452

CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

Vérité) ont, en effet, atteint au total 4.370 francs, soit près du quart des dépenses totales, plus de la moitié de celles-ci étant d'ailleurs des dépenses d'assistance mutuelle. Attitude des Unions. ■— Les dirigeants des Unions de mineurs (généralement le secrétaire de chaque Union), qui n'ont pas d'autre occupation, et qui sont d'ailleurs largement rémunérés ainsi que je l'ai déjà mentionné (et comme on peut le voir ci-dessus, puisque le secrétaire de l'Union de Broken-hill reçoit 5.800 francs par an et qu'il est, en outre, secondé par un employé de bureau qui reçoit 1.500 francs), m'ont paru remplir leurs fonctions avec zèle et dévouement, et savoir se renseigner utilement sur tout ce qui touche aux intérêts qu'ils sont chargés de défendre. Trop souvent, en France, on a le regret de constater que les membres dirigeants des syndicats de mineurs ignorent tout de la situation industrielle et financière des compagnies minières, et on les voit accueillir et répéter, avec une naïveté telle que l'on est souvent même obligé de douter de leur bonne foi, tous les contes les plus invraisemblables sur la comparaison des prix d'abatage payés aux ouvriers et des prix de vente du charbon ou du minerai, et sur les bénéfices fabuleux réalisés par les exploitants. En Australasie, il m'a paru en être tout autrement : j'y ai souvent vu des secrétaires d'Unions parfaitement documentés sur toutes ces questions, en possession des statistiques officielles, des rapports aux assemblées et des comptes des Compagnies minières, au courant des prix de vente du charbon ou des cours du plomb, du cuivre, de l'argent, et ayant des idées très nettes sur les teneurs des minerais d'or, et les frais de traitement de ces minerais, etc.. Aussi voit-on, devant les cours d'arbitrage, les représentants des mineurs, — qui ne sont pas des porte-parole d'occasion, mais bien leurs représentants ordinaires et attitrés, c'est-

ÇOND1T.ON DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

453

à-dire les secrétaires, trésoriers, ou présidents de leurs Unions, — prendre une part active et fort utile aux débats, discuter avec compétence les affirmations apportées et les documents produits par les patrons, et présenter des arguments, sinon décisifs, du moins raisonnables, à l'appui de leurs prétentions qui, elles, il est vrai, ne le sont pas toujours. Ceux qui ont eu l'occasion de voir combien les présidents et secrétaires de nos syndicats de mineurs sont généralement incapables de prendre part à une discussion sérieuse de leurs propres revendications, et qui savent que ces syndicats se voient obligés, sitôt qu'un débat doit s'engager, de recourir comme porte-parole à des personnages politiques, généralement ignorants des questions à discuter, et capables seulement de les porter sur le terrain politique, ceux-là, dis-je, ne peuvent que constater à ce point de vue la très grande supériorité des organisations ouvrières des mineurs de l'Australasie .sur les nôtres ; et ils ne peuvent que regretter que ces dernières ne sachent pas trouver dans leur sein des hommes aussi dignes de les représenter, hommes qui ne manquent sans doute pas parmi nos mineurs, mais auxquels des habitudes déplorables empêchent leurs camarades de songer. A cette réelle compétence et à cette connaissance sérieuse des intérêts qu'ils sont chargés de défendre, les représentants des groupements des mineurs de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie joignent généralement, tout au moins tant qu'il s'agit de négocier et tant qu'ils n'ont pas partie perdue, une modération dans la forme tout à fait inconnue dans les réunions publiques et dans les publications de nos centres houillers. C'est ce qui leur permet souvent de jouir, même de la part des patrons, d'une considération et d'une estime générales, qui ne peuvent que faciliter beaucoup les relations qu'ils doivent entretenir avec ceux-ci. Tome VIII, 1 9u5.

31