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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

travail, dans cette entreprise débarrassée du souci de la distribution de dividendes (mais astreinte, il est vrai, à une redevance d'amodiation), ne sont pas plus brillantes qu'ailleurs : la durée du séjour des ouvriers dans la mine est de 9 heures et demie, c'est-à-dire que c'est la plus longue que j'aie vu pratiquer en Australie ; — les salaires à la journée sont de 8 sh. (10 fr.) par poste pour les mineurs, et de 6 sh. (7 fr. 50) pour les rouleurs, chiffres les plus bas que j'aie eu à relever dans des mines de houille ; — les piqueurs sont payés à raison de 2 sh. 6 d. (8 fr. 125) par tonne abattue, chargée dans les bennes et roulée à une certaine distance, sans que de nombreuses bonifications soient prévues, comme cela a lieu dans les mines patronales, pour les divers cas où le travail est rendu un peu plus difficile par telle ou telle circonstance spéciale; — enfin les traçages ont lieu à l'entreprise, svstème dont les Unions demandent la suppression aux patrons. La bonne harmonie parait régner néanmoins d'une manière satisfaisante dans l'exploitation, et les ouvriers ont su désigner deux personnes assez compétentes, et qu'ils rémunèrent convenablement, pour faire office, l'une de chef contremaître du fond (underground manager), et l'autre de directeur, à côté d'un Conseil d'administration de dix membres élus parmi les ouvriers. Cependant certaines récriminations se font jour au sujet du favoritisme qui présiderait au choix des rouleurs et manœuvres passant piqueurs. Malgré ces circonstances favorables, et malgré la façon raisonnable dont l'affaire paraît être conduite, les bénéfices sont nuls, sans que les salaires soient élevés et sans que les sommes nécessaires puissent être consacrées aux travaux d'avenir, puisque toute l'exploitation a lieu en vallée, sans autre motif tenant à la nature du gîte que le retard des préparations. .

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Ce n'est donc pas encore cet exemple tiré de l'Australasie, le paradis des ouvriers mineurs, qui démontrera -que le travail puisse aisément se passer du concours du •capital, et que la suppression de la part revenant à celui-ci permette nécessairement d'améliorer du tout au tout le sort des ouvriers. .Les quelques indications qui précèdent suffisent, je crois, pour mettre en évidence les caractéristiques essentielles de la situation morale des ouvriers mineurs de l'Australasie : bien que notablement mieux partagés, en fait, que leurs frères d'Europe, — puisque, d'une part, leurs heures de travail sont plus courtes, et que, d'autre part, leurs salaires beaucoup plus élevés leur permettent au moins d'échapper toujours sans difficulté à la préoccupation du pain quotidien, — ils ne sont pas plus satisfaits de leur sort, et ils ne mettent pas moins d'acharnement et' ■d'âpreté à en réclamer l'amélioration. Mais ils le font avec plus de méthode que chez nous et d'une façon plus raisonnable, sinon au point de vue de ce qu'ils réclament au fond, du moins par le calme et le sérieux qu'ils y apportent ; et c'est, sans doute, ce qui a assuré jusqu'ici plus d'efficacité et plus de succès à leurs efforts. Tout en rendant hommage, comme je l'ai fait, à ces qualités, il me faut bien dire que, pas plus en Australasie que chez nous, les représentants des ouvriers mineurs ne paraissent se préoccuper de l'avenir de l'industrie dont ils vivent, et dont ils cherchent inconsidérément à tirer aujourd'hui toutce qu'elle peut rendre, sans aucun souci du lendemain. Et c'est ce qui fait que l'on nelsaurait se réjouir pour eux des résultats qu'ils obtiennent, et dont -ils ne sont «d'ailleurs, jamais satisfaits. Tome VIII, 1903.

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