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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

Dans de telles conditions, il semblerait au premier abord que l'ouvrier mineur devrait être singulièrement plus heureux en Australasie qu'il ne l'est chez nous, puisque, travaillant moins, il touche des salaires doubles ou triples de ceux de l'Europe. Mais tel n'est point du tout le fait : d'abord parce que les très hauts salaires qu'il reçoit ont un pouvoir d'achat à peine supérieur à celui des salaires modestes du mineur européen, et ensuite, et surtout, parce qu'il ne sait pas se contenter de ses courtes heures de travail et de ses beaux salaires mieux que son camarade du vieux monde, qui peine davantage et qui est moins bien rémunéré. Un résultat, et non des moindres, reste néanmoins acquis au point de vue matériel en faveur de l'ouvrier, mineur des Colonies australasiennes, c'est qu'il parvient très aisément à gagner de quoi se nourrir lui-même et de quoi nourrir sa famille, même nombreuse. Mais c'est là un résultat dont je ne puis pas plus attribuer le mérite aux efforts des organisations ouvrières qu'à la situation politique du pays. Il m'apparaît uniquement comme une conséquence naturelle de ce fait que les Australiens, et surtout les Néo-Zélandais (*), constituent une population fort peu dense, vivant sur des étendues incomparablement plus considérables que les Européens (en restreignant bien entendu l'Australie aux parties arrosées et. fertiles qui jouissent d'un climat tempéré) ; ce sont ainsi quelques millions d'hommes à peine qui se partagent entre eux les productions de la terre et les richesses

(*) La Nouvelle-Zélande, dont le climat, bien que comportant des différences importantes de l'extrémité méridionale à l'extrémité septentrionale de la Colonie, est très comparable à celui de la France, et dont le sol est fertile et bien arrosé, ne nourrit pas plus de 810.000 habitants (Maoris compris) pour une superficie de 270.000 kilomètres carrés, soit 3 habitants par kilomètre carré seulement contre 72 en France.

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naturelles qui, normalement, devraient faire vivre des dizaines ou même une centaine de millions d'habitants. Par contre, la restriction du travail que consentent à fournir ceux qui exploitent les richesses de semblables contrées et l'élévation des salaires qu'ils exigent ne peuvent qu'aboutir à la limitation très rapide des ressources utilisables dans ces conditions, et au gaspillage des gîtes. Ce sont là des effets qui n'apparaissent peut-être pas avec une complète évidence, surtout à celui qui ne les veut point voir, mais qui doivent se produire fatalement par le jeu même des lois les plus élémentaires de l'industrie ; et cela est tout particulièrement inévitable, en matière de mines, lorsque les produits de ces mines sont destinés à être exportés et à entrer en concurrence avec ceux des mines des autres pays. Un tel effet s'est déjà manifesté dans plus d'une des régions minières de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, où le développement de l'exploitation s'est trouvé soit enrayé dès le début, soit trop rapidement arrêté ; et cela ne fera que se marquer davantage à l'avenir d'année en année. Tant que n'est pas achevée l'exploration des richesses contenues dans le sous-sol de ces vastes régions, les découvertes nouvelles viennent chaque jour suppléer à l'épuisement prématuré des ressources reconnues les premières. Mais, le jour où cette exploration sera terminée, ou du moins sera près de l'être, cet effet se fera sentir bien autrement ; et, tandis que quelques Colonies, comme celle de Victoria par exemple, sont seules à en souffrir aujourd'hui, pendant que d'autres, comme l'Australie Occidentale, sont encore en pleine période de découvertes nouvelles, la décadence générale de l'industrie minière de l'Australie n'est peut-être pas très loin de se prononcer. Cela est d'ailleurs d'autant plus inquiétant que, dans toutes les Colonies, sauf peut-être l'Australie Occidentale, les grandes villes, parfois les campagnes, quelquefois