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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRAL ASIE

même les districts miniers, regorgent de sans-travail (unemployed), si bien que le problème de remédier à cette calamité se pose déjà de la façon la plus sérieuse aux différents Gouvernements. La menace de l'épuisement des ressources minières exploitables est donc des plus redoutables pour l'Australasie, et le jour où cet épuisement commencera à se faire sentir sérieusement dans l'ensemble est peut-être plus proche qu'on ne veut • l'admettre. Ce jour-là, sans doute, les mineurs s'apercevront qu'ils ont tué la poule aux œufs d'or ; mais il sera trop tard,, car, à supposer même que l'on puisse revenir en arrière en matière de salaires et d'heures de travail, un gite qui a été gaspillé par ce fait que les conditions de la maind'œuvre étaient trop onéreuses ne saurait généralement être repris ultérieurement, même grâce à des conditions meilleures. Et encore si ces ouvriers tuaient gaiement la poule aux œufs d'or, — c'est-à-dire s'ils donnaient le spectacle d'une population satisfaite de son sort, mettant à accomplir les courtes journées de travail et à gagner les beaux salaires que j'ai dits cette joyeuse activité dont parlent souvent les partisans de la journée de huit heures chez nous, et s'ils montraient au monde l'exemple d'un éden du travail, où patrons et ouvriers vivraient dans cet accord que chacun souhaite, mais que bien peu savent réaliser, — peut-être pourrait-on ne pas songer au lendemain qui se prépare ! Il faudrait d'ailleurs pour cela non seulement prendre son parti, comme je le ferais volontiers, de laisser diminuer de la sorte les réserves d'or que l'homme pourra arracher aux entrailles de la terre, mais il faudrait encore oublier, ce qui est plus grave, que ceux qui aujourd'hui vivent ainsi de l'exploitation de ces richesses raccourcissent à plaisir la durée pendant laquelle cette exploitation pourra

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se continuer et servir de gagne-pain à des milliers de travailleurs ! Mais je dois bien dire que nulle part je n'ai été témoin de cette satisfaction à laquelle je faisais allusion. Partout, au contraire, les plaintes, les récriminations et les revendications ouvrières, quelque peu justifiées qu'elles aient été, — ou du moins quelque peu intéressantes qu'elles aient paru à quelqu'un d'habitué à celles qu'ont coutume de formuler nos mineurs français, — ont vivement résonné à mes oreilles et m'ont paru trahir de "la part de la classe ouvrière une absence de satisfaction, et même un mécontentement, bien marqués. Ce n'est donc pas encore aux antipodes que nous pourrions aller prendre exemple pour résoudre les graves problèmes que les questions ouvrières posent dans l'industrie extractive (peut-être même puis-je étendre cette conclusion à l'industrie en général) ; et ce ne sont ni les syndicats ouvriers, bien mieux organisés et bien plus puissants que chez nous, ni les lois ouvrières, si développées en Australasie, ni l'institution de l'arbitrage obligatoire, qu'on a voulu représenter comme une panacée universelle en la matière, qui ont résolu le difficile problème de l'accord entre le capital et le travail dans l'exploitation des mines. Paris, avril I90u.