Annales des Mines (1905, série 10, volume 8)
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NOUVELLE MÉTHODE D'EXPLOITATION
DES ARDOISIÈRES DU BASSIN DE L'ANJOU
la multiplicité des chambres avait au contraire été abordée dès 1890, en raison des conditions particulières du gisement. La veine exploitée dans ce bassin, moins nettement délimitée peut-être et d'une fissilité moins régulière que les veines de Trélazé, offre, par contre, une puissance beaucoup plus considérable, atteignant et dépassant même par endroits 300 mètres d'épaisseur. D'autre part, la présence d'un grand nombre de délits oblige à restreindre les dimensions des chambres. L'importante ardoidoisièredela Forêt avait donc entrepris, dès 1890, l'aménagement d'un ensemble de chambres à section réduite ; mais la solution qu'elle avait alors adoptée n'était pas sans présenter de sérieux inconvénients, signalés déjà au moins en partie par l'ouvrage de M. Ichon. Elle n'a d'ailleurs été expérimentée que d'une façon incomplète, puisqu'en juin 1894, date à laquelle un éboulement nécessita l'abandon des travaux où elle était appliquée, l'extraction se faisait encore par le niveau de base, de telle sorte que l'on n'avait pas eu encore à résoudre la question esentielle du changement d'étage d'exploitation. La « méthode de la Forêt » ayant été longuement décrite par M. Ichon (loc. cit., p. 48 à 51), nous nous bornerons à en rappeler les traits généraux et à préciser les critiques qu'elles nous parait motiver. L'idée, nouvelle de la méthode était le traçage, à chaque niveau, d'une galerie maîtresse desservant une série de chambres ouvertes de part et d'autre de cette galerie. L'erreur était de tracer cette « collectrice » entravers dans le gisement au lieu delà tracer en direction. Une autre erreur, corrélative de la précédente, était de donner aux chambres des dimensions plus considérables dans le sens du fil de pierre que dans le sens transversal. On ne dépassait d'ailleurs pas 25 mètres comme longueur en fil de pierre (ce qui était encore beaucoup, puisqu'en raison des délits particulièrement fréquents dans
la formation ardoisière de Segré on y limite aujourd'hui à 20 mètres entre chefs la dimension des chambres tant à Misengrain qu'à la Forêt et à Bel Air) ; mais, par contre, la méthode de la Forêt assignait arbitrairement un maximum d'une quinzaine de mètres, 18 mètres au plus, à la largeur des chambres entre parois, tandis que cette dernière dimension peut sans inconvénient être portée à une centaine de mètres. Considérant toujours une couche puissante, la comparaison de l'ancien dispositif de la Forêt avec le nouveau dispositif réalisé dès 1896 dans l'ardoisière de Misengrain de la Société de l'Anjou (*) s'établit donc de la façon suivante : Dans le nouveau dispositif, un puits avec sa collectrice en direction, desservant deux séries de chambres indépendantes, prises de part et d'autre de celle-ci, et allongées dans le sens transversal, exploite le gisement sur une épaisseur utile de 200 mètres, et sur une étendue en direction théoriquement illimitée. Dans l'ancien dispositif de la Forêt, un puits, avec sa collectrice en travers, ne desservant que deux séries de chambres indépendantes prises de part et d'autre de celle-ci, et allongées dans le sens longitudinal (mais limitées toutefois à 25 mètres de longueur), exploiterait le gisement sur une épaisseur utile peut-être un peu supérieure à 200 mètres; mais, par contre, la longueur utile du champ (une cinquantaine de mètres) serait tout à fait insuffisante. Aussi les exploitants ont-ils été conduits à ouvrir en direction d'autres chambres à la suite de celles avoisinant la collectrice; dans ce système, une chambre quelconque du champ communiquait soit avec la collectrice, soit avec une chambre précédente, par deux petites galeries perçant le bardeau, l'une près de la paroi nord, (*) Et sensiblement à la même époque dans les travaux du puits n° 3 de l'ardoisière de la Forêt, mais avec le système des puits intérieurs au lieu du système des deux tranches de la Société de l'Anjou.