Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1906, série 10, volume 9)

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LA GENÈSE DES EAUX THERMALES

que les volcans se sont établislà où les fractures amenées par les effondrements ont pénétré jusqu'à la région des laves, tandis que les eaux superficielles ou profondes envahissaient aussitôt le bassin résultant de ces affaissements. La prétendue pénétration des eaux de la mer dans les profondeurs ne saurait expliquer d'ailleurs la formation des sources salées thermales qui, telles que celles de Bourbonne, Hombourg, Friedrichshall, Karlsbad, AltenSalza, etc., sont en plein continent. Et si ces eaux salées chaudes, ainsi que nous l'avons établi, croyons-nous, sont comme la suite affaiblie des éruptions volcaniques et ont même origine qu'elles, comment songer que le chlorure de sodium émis par les suffioni volcaniques puisse avoir une origine marine ! En étudiant le mécanisme de la genèse des eaux thermales salées, nous verrons que leur sel arrive directement des régions ignées, qu'il est de nouvelle formation. Quant à l'eau que les volcans fournissent si abondamment, nous avons montré plus haut qu'elle ne saurait résulter de la pénétration, directe ou par capillarité, des eaux météoriques ou marines, hypothèse qui, malgré quelques apparences, n'est ni rationnelle, ni surtout nécessaire : la grande éruption de l'Etna en 1865 dura deux cents jours, et donna, d'après les relevés approximatifs de Fouqué, l'énorme volume de 11000 tonnes d'eau par jour, soit un peu plus de 2 millions de tonnes pour l'ensemble de cette période critique : or j'ai montré que i kilomètre cube de granit fournit au rouge de 25 à 30 millions de tonnes d'eau. Le quart de ce volume de roche (*) aurait donc suffi à entretenir la totalité de l'éruption de l'Etna de 1865. M. De Launay apprécie à 700000 hectolitres par vingt-quatre heures le débit de l'ensemble des principales sources thermales de la France. L'eau qui sort (*) Soit un cube de 425 mètres seulement de côté.

ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME

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d'un seul kilomètre cube de granit porté à 600 ou 700° suffirait donc pour faire couler durant plus d'un an toutes les sources chaudes de notre pays avec un débit de 48500 litres à la minute. Des tassements très modérés dans les assises profondes du globe expliquent donc, par leur échauffement brusque, les pressions formidables développées dans les éruptions volcaniques et les masses de gaz et d'eau qui sont ainsi rejetées, soit sous forme de vapeurs et de boues, soit sous celle d'eaux thermales. Nous allons maintenant essayer de montrer que l'effondrement, la dislocation ou l'écrasement et, comme suite, réchauffement subit et en masse des roches les plus profondes, effondrements et échauffements rapides qui déterminent les phénomènes éruptifs, ne sont pas nécessaires pour assurer l'écoulement continu des eaux thermales. Pour le montrer, considérons une couche de gneiss ou de granit placée en profondeur au niveau où la chaleur centrale les porte à une température telle que l'eau de constitution de ces roches va commencer à s'en dégager. Chaque fois que, par le fait des glissements, plissements, tassements, qui atteignent cette région limite, une partie de ces couches pierreuses s'abaissera au-dessous de ce niveau, et par conséquent se réchauffera, ou bien dès que, sous l'effet de la pression croissante des couches superposées, les laves viendront à remonter à travers les failles et fractures des régions sous-jacentes rapprochées de ce niveau, aussitôt l'élévation de température de la zone limite que nous considérons aura pour effet le départ de tout ou partie de l'eau de constitution des roches ainsi réchauffées. Dans cette zone sensible, la moindre élévation de température au contact des laves ou à leur proximité suffira donc pour en chasser une partie de l'eau combinée et dès lors produire les dégagements gazeux que j'ai observés dans mes expériences en plaçant ces ma-