Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1906, série 10, volume 9)

340

LA GENÈSE DES EAUX THERMALES

tériaux rocheux dans ces conditions de température. Les gaz et vapeurs ainsi formés tendront dès lors à s'échapper de partout et, par conséquent, à repousser tout à coup au loin, grâce à l'énorme pression développée, les laves remontantes qui avaient provoqué la surchauffe de ces couches. Dès lors, celles-ci recommenceront à se refroidir relativement en raison, d'une part, du recul de ces laves brûlantes, et en raison aussi de la détente des gaz et vapeurs. Ceux-ci s'échapperont par tous les pores et fentes de la zone où elles se sont produites. Dès lors, relativement refroidie, grâceà cette détente et à l'éloignement des laves, la couche limite que nous considérons pourra de nouveau récupérer lentement, en vertu de son affinité chimique, l'eau de combinaison dont l'avait privée l'élévation de température. Les matériaux de la roche qui étaient devenus anhydres, grâce au feu, emprunteront, soit aux émanations centrales, soit aux couches rocheuses supérieures moins déshydratées qu'elles, l'eau qu'ils avaient perdue au rouge, et de couche en couche cheminera l'eau qui ira reconstituer les principes qu'avait déshydratés la chaleur. Dans sa progression continue de l'intérieur vers l'extérieur, cet appel de cause chimique finira par atteindre la zone beaucoup plus excentrique où l'eau du dehors a pu pénétrer par imbibition ou capillarité, et cette eau, à son tour, finira par atteindre les couches sous-jacentes. Mais on voit qu'à partir de cette limite où s'est produite la déshydratation, partielle ou totale, des roches, la cause du cheminement de l'eau de l'extérieur vers l'intérieur n'est pas la pesanteur ou la capillarité, mais bien l'affinité chimique pour l'eau des matériaux des roches plus ou moins déshydratés par le feu, affinité autrement puissante que les forces physiques pour assurer le cheminement de cette eau et sa fixation par les matériaux profonds. Si donc les éruptions volcaniques sont occasionnées par

ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME

341

réchauffement subit des masses rocheuses qui, s'écrasant ou s'éboulant dans les profondeurs, sont tout à coup injectées de laves qui en dégagent violemment l'eau de constitution et, avec elle, les gaz que cette eau fait naître dès que la chaleur la rend libre, il n'est aucun besoin de faire intervenir ces effondrements et ruptures subites d'équilibre des couches terrestres pour expliquer la formation et la sortie des eaux thermales. Il suffit, pour entretenir leur écoulement, d'une sorte de distillation lente des roches primitives dans cette région déjà très chaude où l'eau tend à s'échapper de la roche dès que s'élève la température, et à se recombiner à elle au moindre refroidissement relatif. En vertu des réchauffements et refroidissements successifs de ces couches dus aux oscillations de température dont nous venons d'analyser le mécanisme, l'eau se dégagera durant le réchauffement et s'unira au contraire aux principes qu'avait déshydratés le feu aussitôt que la pression des vapeurs et la détente des gaz produits éloigneront brusquement les laves et refroidiront sensiblement le milieu. De là sans doute ces pulsations ou oscillations signalées dans l'écoulement d'un grand nombre d'eaux thermales, celle de Carlsbad, en particulier, l'intermittence des geysers et de certains volcans à régime strombolien. Grâce à ces réchauffements et refroidissements qui se succèdent dans les profondeurs, l'eau dégagée de la roche, aussi bien que celle que forme l'hydrogène venu des régions incandescentes et qui s'oxyde aux dépens des matériaux oxygénés qu'il réduit. cette vapeur d'eau, continuant à distiller vers les parties supérieures, se liquéfiera plus loin en se refroidissant dans les failles et, atteignant enfin la surface, s'écoulera sous forme de sources thermales. C'est ainsi que, sans débâcles subites, l'eau thermale ainsi formée pourra s'écouler régulièrement par les sources, comme se dégagent sans cesse du sol terrestre l'acide