Annales des Mines (1906, série 10, volume 9)
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LA GENÈSE DES EAUX THERMALES
Ainsi se forment, en partant des sulfures, oxydes, chlorures..., de magnésium, fer, aluminium, etc., ces silicates doubles ou triples qui constituent les matériaux mêmes des roches primitives : feldspath, pyroxènes, amphiboles, péridots, etc., et les micas eux-mêmes, si les fluorures se rencontrent à côté des chlorures. Les dégagements profonds de gaz hydrogène, d'acide chlorhydrique, d'acide sulfureux, d'hydrogène sulfuré, de vapeurs de soufre, sont donc le phénomène complémentaire de la formation des silicates doubles ou triples qui se reproduisent sans cesse aux dépens des vapeurs métalliques (métaux libres, chlorures, sulfures, oxydes, etc.) qui montent sans cesse du noyau central, phénomènes continus qui se passent dans cette région d'où sortent les laves, et où commencent à se concréter les roches et à se minéraliser les eaux thermales. On a vu plus haut comment on peut comprendre la genèse de l'eau de nouvelle formation aux dépens de l'hydrogène sorti des régions centrales du globe. Quant à la silice, qui, avec l'eau, est le grand agent de minéralisation, l'hypothèse la plus probable est qu'elle dérive des chlorures, sulfures ou azotures de silicium issus des réactions ignées du noyau terrestre. L'eau (ou ses éléments) décompose ces diverses substances en silice et acides chlorhydrique ou sulfhydrique ; en silice, ammoniaque, azote et hydrogène, s'il s'agit de l'azoture de silicium : 2
- l
Si Az +
- H*0 = 23i0 2 +
3
2
2
2 AzH + Az + H = 2Si0 + 3 Az + H«.
On sait d'ailleurs que cet azoture de silicium résiste aux températures les plus élevées, tant que l'eau n'intervient pas. Telle nous paraît être pour une part importante l'origine des silicates, de l'azote et de l'ammoniaque que dégagent tous les volcans et que l'on retrouve aussi dans
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ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME
les eaux thermominérales (*). L'azote de l'atmosphère paraît donc être, avec l'hydrogène, le produit complémentaire de la formation géologique de la silice et des silicates. Les gaz sortis du noyau central, et les produits volatils originaires des réactions qui donnent naissance aux silicates doubles ou triples des roches profondes, l'hydrogène, l'acide carbonique, la vapeur d'eau, l'oxyde et l'oxysulfure de carbone, le méthane, l'acide sulfureux, la vapeur de soufre, l'ammoniaque, l'azote, l'acide chlorhydrique, tous ces corps mélangés aux vapeurs des chlorures métalliques tendent à s'échapper vers la surface, en vertu de leur force élastique, et à pénétrer les roches déjà solidifiées, mais encore au rouge. Là, grâce aux différences locales dans la nature des principes concrétés et aux variations des composés gazeux qui parcourent ces roches et qui les attaquent, des réactions nouvelles se produisent ; elles vont nous expliquer la minéralisation des diverses espèces d'eaux thermales. J'ai observé, en 1888, que, lorsqu'on fait passer sur des silicates doubles ou triples naturels portés au rouge vif, soit del'hydrogène sulfuré, soit de la vapeur de soufre mélangée de gaz des marais, soit du sulfure de carbone, tous les silicates, dans ce milieu à la fois sulfurant et réducteur, sont profondément modifiés ; les argiles, le kaolin, le talc, l'alumine pure et la silice elle-même sont fortement sulfurés, le soufre venant en grande partie remplacer l'oxygène dans tous ces composés (**). Avec l'alumine on obtient l'oxysulfure AP0 3 ,APS 3 et (*) Nous avons vu plus haut que l'oxysulfure de carbone formé en même temps donne avec l'ammoniaque du sulfocyanate d'ammonium et de l'urée grâce auxquels doit disparaître des eaux une partie de 3 l'ammoniaque primitive. On sait aussi que AzH se dissocie au rouge en Az et H 3 . (**) Couipt. rend. Acad. Sciences, t. GVII, p. P- 740. Tome IX, 1906.
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