Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1906, série 10, volume 10)

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d'une réduction naturelle d'affleurements de cassitérite lors des incendies annuels des hautes herbes, ou seulement de la fusion, pendant ces mêmes incendies, des soudures des boites de conserve jetées au hasard dans la brousse par les voyageurs européens? La question ne sera nettement résolue en faveur de l'existence de gisements d'étain que lorsqu'on aura trouvé de la cassitérite dans les bâtées. Personne ne s'est encore avisé de l'y rechercher sans doute : il y a du reste peu de temps que la présence de grains d'étain métallique dans l'alluvion aurifère a été constatée. On peut dire, en attendant, que l'existence de gîtes d'étain est assez probable, étant donnée l'abondance des pegmatites, et sachant surtout que de la cassitérite et des grains d'étain se rencontrent en d'autres pays, en même temps que l'or, dans des dépôts alluvionnaires tout à fait analogues à ceux de Madagascar. Les débris des roches d'où dérivent les alluvions n'ont pas tous été entraînés jusque dans les thalwegs. D'ailleurs les agents atmosphériques continuent leur oeuvre de destruction. Aussi, dans les régions aurifères, les collines sont-elles couvertes d'un manteau de terres caillouteuses qui contiennent de l'or. On conçoit parfaitement, qu'en certains points ces terres puissent constituer des gisements exploitables. En fait, on a trouvé de tels gisements. D'autre part, les pluies de chaque saison en font descendre périodiquement une partie dans les vallées. Il se produit de la sorte un véritable enrichissement annuel, et il ne serait pas impossible que certaines vallées fussent susceptibles d'être réexploitées avec bénéfices après' quelques saisons de repos. C'est un point intéressant à étudier. Exploitation. — L'exploitation de ces gisements se fait d'une manière bien simple : le concessionnaire, ou prospecteur, fait venir des indigènes sur ses terrains et les y

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laisse travailler à leur guise, sous la seule condition qu'ils lui vendront, au prix de 2 francs le gramme, tout l'or qu'ils trouveront. Ces indigènes, on les recrute dans les villages de l'Imerina et du Betsileo, parties centrales de l'île, les seules où la population ait quelque densité. Les recruteurs sont quelquefois le prospecteur lui-même, le plus souvent des gens à sa solde, indigènes en général. Ils font des discours sur la place publique, les jours de marché, dans lesquels ils annoncent l'ouverture prochaine à l'exploitation des terrains de M. un tel, vantent leur heureuse situation dans un pays agréable et sain, où le riz est abondant, affirment leur grande richesse en or, énumèrent les avantages de toute sorte dont y jouiront les travailleurs, exaltent la personnalité du blanc qui sera le chef, etc. , et surtout ne ménagent pas les . plaisanteries. Quand ils ont terminé, ils reçoivent les engagements de ceux que leur éloquence a séduits. Il s'en trouve toujours, d'autant plus qu'il ne s'agit nullement de partir tout de suite : le recrutement se fait pendant l'hivernage, en décembre ou janvier, -et la descente sur les concessions nouvelles ne commence guère qu'en avril, après les pluies, quand la récolte du riz est faite. Les indigènes arrivent avec leur famille, tout au moins avec leur femme. Ils commencent par se construire une case sur l'emplacement désigné. Toutes ces cases, régulièrement disposées autour ou à côté de l'habitation du blanc, forment le village, ou camp minier, le « toby » comme on dit là-bas en employant le mot malgache (prononcez toubi). Ce « toby » porte toujours un nom indigène, qui lui est donné par les indigènes ; on le désigne aussi par l'appellation de « toby d'un tel ». Les toby sont installés sur des hauteurs, afin d'éviter autant que possible les fièvres et les épidémies. Dans la région forestière de l'Est, où les collines sont trop escarpées pour qu'il