Annales des Mines (1906, série 10, volume 10)
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L'HYDROLOGIE
SOUTERRAINE
Kourtbounar, et qui s'étendent de là vers le Nord jusqu'au Danube. Ces calcaires, criblés de trous, perforés en tous sens de cavités et de grottes, jouent le rôle d'une véritable éponge, où les eaux disparaissent comme dans le Karst illyrien, avec pertes de rivières, rivières souterraines, cavernes, etc. ; d'où l'aspect singulier que présentent, sur une carte, les rivières de ce pays, toutes arrêtées à un certain point de leur parcours et prolongées ensuite à la superficie par une vallée sèche, leur lit ancien d'une époque géologique antérieure. A la surface de ces calcaires, l'eau ferait totalement défaut, et il n'y aurait aucune source même précaire si, fort heureusement, toute cette zone ne s'était trouvée recouverte par une couche très épaisse d'argile fine et légèrement sableuse, qui forme ce qu'on appelle les dépôts du lœss. Ce manteau d'argile a été généralement enlevé dans les vallées par le travail des érosions, et là les calcaires sous-jacents apparaissent : avec leurs trous, leurs cavités et leurs grottes; mais, sur les plateaux, il persiste avec une épaisseur plus ou moins grande; il absorbe alors et recueille les eaux, au lieu de les laisser simplement passer et circuler comme les calcaires ; il joue un rôle que l'on peut comparer à celui d'un feutre, d'une étoffe poreuse, où l'eau s'accumule pendant les périodes pluvieuses et suinte ensuite lentement, formant soit de petites sources précaires, soit surtout des réserves d'eau souterraines, que l'on peut aller chercher par des puits de quelques mètres de profondeur. Cette ressource d'eau est nécessairement, par sa nature même, limitée, et sujette à tarir pendant l'été, quand le feutre formé par l'argile du diluvium se dessèche; mais, pendant la plus grande partie de l'année, elle suffit à alimenter d'eau les villages. Là où ce manteau d'argile protecteur s'est trouvé enlevé ou très réduit par l'érosion, le calcaire crétacé joue son rôle funeste et il y a lieu de chercher ce que de-
DE
LA
DOBROUDJA
BULGARE
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viennent les eaux dans sa profondeur : question qui se pose, en outre, pour tout l'ensemble de la région, même quand les argiles du lœss existent, pendant les sécheresses de l'été. A cet égard, comme je le disais en commençant, les difficultés sont sérieuses, mais sans être nullement insurmontables. Ces calcaires sont, en effet, très épais ; ils le deviennent de plus en plus par la disposition géologique du pays, quand on se rapproche du Danube, et il ne s'y intercale pas, en profondeur, de niveau argileux imperméable susceptible d'arrêter la descente souterraine des eaux. Celles-ci ne peuvent donc s'interrompre dans leur pénétration que lorsqu'elles rencontrent, au-dessous, les étages marneux de terrains géologiques plus anciens. C'est le rôle joué, dans toute la région Sud, par les calcaires marneux du Barrémien et qui amène là l'existence de toute une série de sources et de petites rivières à Kiokledja, vers Kokardja, etc. Dans la région Nord, ces marnes barrémiennes étant très profondes, la pénétration des eaux ne s'arrête que lorsque celles-ci arrivent à la nappe hydrostatique de drainage reliée souterrainement à la vallée du Danube. En raison même de la pénétrabilité extrêmement facile de ces calcaires, cette nappe hydrostatique de drainage paraît former souterrainement une surface convexe assez régulière, ayant (sauf des anomalies locales sur lesquelles je reviendrai) une légère pente vers la vallée du Danube. On peut donc, en chaque point, considérer qu'un puits, poussé jusqu'à une profondeur voisine du niveau où se trouve le Danube, rencontrera l'eau abondante à l'état de véritables rivières souterraines. Cette profondeur, dans les régions les plus défavorablement situées, ne dépasse guère 100 à 200 mètres. Un puits de 100 à 200 mètres peut donc être envisagé comme devant presque certainement fournir de l'eau, et la seule difficulté est alors le calcul économique des prix de forage et d'élévation par un