Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1907, série 10, volume 12)

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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DU FER

La conséquence naturelle de l'industrie mécanique du boulon a été la création d'usines importantes, qui font que cette phrase de M. Nivoit a perdu beaucoup de sa signification : « La boulonnerie est une industrie essentiellement philanthropique, car elle n'agglomère pas les hommes dans de grands centres, et elle procure du travail aux femmes et aux enfants. » Cette dernière partie est exacte encore, puisque tout le travail de filetage et de taraudage est exécuté par des femmes : mais, dans les trois pays de Braux, Levrézy et Château-Regnault, on peut compter plusieurs usines occupant en moyenne 200 ouvriers; nous citerons, par exemple, la Manufacture ardennaise avec ses deux usines de Braux et de Levrézy, la maison Mernier frères et la maison Marcadet. D'autres sont moins importantes, comme celles de Péchenart Paul à Braux, V ve Pierret à Levrézy, Péchenart et Vasson à Château-Regnault, occupant chacune une cinquantaine d'ouvriers. Mais la plus importante de beaucoup est celle des Boulonneries de Bogny, qui donnent du travail à plus de 800 ouvriers, hommes et femmes. La vallée de la Semoy elle-même, qui semble être restée l'apanage des petites boulonneries, compte plusieurs usines importantes, entre autres la maison Mangon et Rousseau à Thilay et la maison Laurent à Linchamps. En résumé, le développement de l'industrie des boulons a été considérable depuis un demi-siècle. La concurrence française est celle du Nord, qui peut fabriquer à meilleur compte que les Ardennes pour différentes raisons. D'abord, il a sur place une matière première essentielle, la houille, et l'admirable réseau fluvial de cette région permet d'amener les fers et aciers à meilleur compte que dans les Ardennes; enfin, la main-d'œuvre y est beaucoup moins chère, car les ouvriers sont pour la plupart des Belges, qui ont domicile en Belgique et viennent chaque jour à leur travail, apportant avec eux

DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

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leur nourriture; ces gens vivent donc à bon marché, aussi travaillent-ils à plus bas prix que l'ouvrier des Ardennes. Celui-ci, d'ailleurs, devient chaque jour plus exigeant, conséquence naturelle de l'évolution sociale. Certes, n'est pas boulonnier qui veut ; ce sont pour la plupart des ouvriers habiles, possédant au plus haut degré ces qualités bien ardennaises, la vivacité du mouvement et la promptitude du coup d'œil, et c'est sans doute grâce à ces aptitudes spéciales de la race que la boulonnerie a pris un si grand développement dans le département ; mais on peut dire déjà que cette industrie souffre de la concur- ■ rence du Nord et que le facteur principal de cette infériorité est-dans le salaire des ouvriers. C'est un fait notoire que cette région, qui fut le berceau de la boulonnerie, est celle où l'ouvrier gagne le plus d'argent. Que l'on remonte la Meuse vers Nouzon et Charleville, ou qu'on descende sur Vireux et Givet, on constatera d'une façon générale des salaires moins élevés qu'aux environs de Château-Regnault. Mais aussi, disonsle, c'est ici qu'on mène la vie la plus large ; cette classe laborieuse aime le bien-être, elle dépense sans compter et semble méconnaître l'économie ; nous ne lui en ferions pas un reproche, si cet argent, qui lui coule si facilement entre les doigts, ne contribuait à développer dans des proportions effrayantes les progrès de l'alcoolisme. Ici, j'ouvre une parenthèse, et sans prétendre venir, après tant d'autres, prêcher contre l'abus de l'alcool, je vais montrer, par quelques chiffres, les proportions que ce mal atteint déjà dans la vallée de la Meuse. Nos recherches sur la consommation de l'alcool ont porté sur trois pays : Nouzon, Château-Regnault et Revin. Pour Nouzon, dont la population est de 8.000 habitants environ, voici quelle a été la consommation de boissons