Annales des Mines (1907, série 10, volume 12)
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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DU FER
DANS LES ARDENNES FRANÇAISES
Après cette vue d'ensemble, nous allons étudier dans le détail la fabrication du boulon ; nous ferons pour cela trois divisions : La boulonnerie mécanique ordinaire ; La boulonnerie américaine ; La boulonnerie de précision. Enfin nous rattacherons à ce chapitre l'article de voiture, dont la fabrication est aussi une spécialité de larégion.
La force motrice hydraulique de la Meuse jointe à celle de la vapeur pour la mise en mouvement du matériel nécessaire à cette production est d'environ 1 .000 chevaux. Nous avons signalé précédemment les œuvres sociales et philanthropiques instituées dans ces usines. L'organisation du travail y est cligne d'attirer l'attention. Le service de dix heures pour la durée du travail y a été mis en pratique le 1 er décembre 1885 et a toujours fonctionné à la satisfaction générale.
§ 1. — LA BOULONNERIE MÉCANIQUE ORDINAIRE.
Usine de Levrézy, dite « Madagascar ». — Nous avons expliqué ailleurs l'origine de cette dénomination. Cette usine comprend quinze corps de bâtiments juxtaposés et reçoit la force motrice de deux turbines à eau de 150 chevaux chacune ; elle comprend trois divisions : la forge, la boulonnerie et la visserie. La première est moins importante que celles décrites dans le chapitre précédent ; on y fabrique surtout des tendeurs pour chemins de fer. La boulonnerie et la visserie sont desservies chacune par une turbine. La chute d'eau, de 2 mètres de hauteur, est fournie par une dérivation de la Meuse prise au-dessus du barrage. Les turbines ont été fournies par la maison Georges, de Saint-Dizier : celle de la boulonnerie attaque directement l'arbre général de transmission; l'autre est reliée à la visserie par un câble métallique de 200 mètres de longueur. L'hiver, quand on enlève les aiguilles du barrage, ainsi qu'au printemps, pendant la période de chômage de la navigation, les turbines, ne pouvant plus fonctionner, sont remplacées par une machine Corliss.
LA MANUFACTURE ARDÉNNAISE.
La Manufacture ardennaise'de Braux remonte à 1820, époque à laquelle M. Miette-Mabille fonda les établissements qu'il transmit ensuite à ses fils (Miette frères). En 1884 fut fondée la Société actuelle avec M. Emile Despas comme directeur-gérant. Depuis cette date, les établissements vont sans cesse en s'agrandissant et finissent par prendre une extension telle qu'aujourd'hui on peut les classer au premier rang des usines similaires. La Manufacture ardennaise possède deux établissements, l'un à Braux. et l'autre à Levrézy, séparés par la Meuse et distants de 1 kilomètre. Le chemin de fer de Paris-Givet-Bruxelles passe à proximité des usines, gare de Braux-Levrézy, et peut permettre à l'avenir le raccordement. Les usines de Braux et Levrézy occupent une surface couverte de plus de 7.000 mètres carrés, laissant la même surface disponible pour agrandissements. La production en boulons, écrous, rivets, ferrures, diverses et vis à bois se monte à 7 à 8.000 tonnes par an, pour un chiffre d'affaires moyen de près de 3 millions de francs.
Boulonnerie. — On emploie pour la fabrication des boulons des fers marchands généralement ronds, parfois carrés, suivant la spécialité. Le fer est découpé à la cisaille à la longueur voulue ;