Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1907, série 10, volume 12)

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ÉTUDE SUR 1,'lNDUSTRIE DU FER

DANS LES ARDENNES FRANÇAISES

l'Exposition universelle amena dans le pays un grand nombre de commandes. La transformation de l'industrie locale fut rapide ; de petites usines s'élevèrent partout, destinées au finissage des pièces forgées. Ces usines furent presque toutes construites par d'anciens ouvriers et ont depuis largement prospéré. En 1901, la construction du chemin de fer à voie étroite de Monthermé à Hautes-Rivières donna un grand essor à la ferronnerie, principalement à Hautes-Rivières. Le prix de revient des matières premières se trouva alors considérablement abaissé : le transport d'un wagon de houille, par exemple, fut abaissé de 12 francs.

Hautes-Rivières est surtout renommé pour ses articles de ferrures pour les administrations et la construction de machines. Ce petit centre industriel a maintenant sa réputation bien établie, grâce à l'habileté des ouvriers, et il occupe de ce fait, sur le marché, une situation privilégiée. Même dans les mauvaises années, il souffre peu du ralentissement des affaires.

État actuel. — La vallée de la Semoy compte maintenant un grand nombre d'usines ; nous trouvons, comme étant les plus importantes de la frontière belge à Monthermé : A Sorendal : Manquillet-Pigeot (boulonnerie et ferronnerie), Jules Barré (boulonnerie et ferronnerie), WiartAutier (ferronnerie, pièces pour construction de machines) ; A Failloué : la ferronnerie Parizel; A Hautes-Rivières : Barteaux (boulons et ferrures), Barrois, Badré, Wauthier, etc. ; A Linchamps : la maison Laurent frères pour la boulonnerie ; A Nohan : Joseph Avril (boulons) ; A Thilay : les boulonneries Mangon et Rousseau, Ballot, Linster-Lelong et C ie ; A Haulmé : la boulonnerie Avril. Pendant ces dernières années, la Semoy a pu concurrencer les grosses boulonneries de la vallée de la Meuse et du Xord, par suite des salaires moins élevés donnés aux ouvriers, mais les salaires tendent à s'uniformiser pour les centres ardennais, et la concurrence devient plus difficile.

Aussi, depuis deux ans, a-t-on assisté à une véritable fièvre des affaires. Un très grand nombre d'ouvriers, trop grand peut-être, ont voulu devenir patrons et ont construit de petits ateliers. La conséquence a été un avilissement des prix de vente pour beaucoup d'articles. Un ralentissement des affaires, une période de mévente, suffiraient peut-être pour compromettre la situation assez précaire de ces entreprises récemment écloses. Jusqu'à présent, à part les boulonneries Mangon et Rousseau, la vallée comptait peu d'usines importantes montées avec le concours de gros capitaux. Il semble que cette situation doive se modifier. En effet, on bâtit actuellement à Hautes-Rivières, pour le compte d'une Société (Dauxin et C' e ), une usine de ferronnerie devant occuper une centaine d'ouvriers. Le fait était à prévoir : l'habileté des ouvriers et le taux moins élevé des salaires devaient éveiller l'attention des capitalistes. Cette évolution, d'ailleurs, est logique et marque la dernière étape de l'industrie familiale à la grande industrie. Les transformations de l'industrie locale n'échapperont sans doute pas à cette loi. Quelles en seront les conséquences au point de vue de l'avenir du pays ? Nous essaierons de les dégager comme conclusion de ce travail. Articles fabriqués. — Quelques maisons font encore un peu de clouterie à la main ; plusieurs de ces industriels y ont ajouté la fabrication des fers à chaussures. L'article le plus important est la boulonnerie ; certaines