Annales des Mines (1907, série 10, volume 12)
Page : Image 221
Révision de 24 janv. 2015 09:28:50, edited by Anonymes
438
LA CATASTROPHE DE COURRIERES
Les conclusions à tirer de l'observation des croûtes de coke sont de deux ordres. D'abord elles manifestent le passage d'une flamme qui a produit un commencement de distillation des poussières ; la température des points où on les remarque a donc, au moment de la catastrophe, dépassé 300 à 350°. Puis, par leur orientation, on peut essayer de déterminer le sens de propagation de l'explosion ; mais les résultats obtenus ainsi sont loin d'être . absolus. Les observations faites jusqu'à ce jour à l'étranger et en France concordent bien pour établir qu'en général les croûtes se trouvent sur la face des bois opposée au coté d'où vient l'explosion, en position que l'on peut appeler inverse. Cela est vrai, du moins à une certaine distance de l'origine de l'explosion, car, à son voisinage immédiat, le coke fait face au point de départ de celle-ci, quand elle a été allumée par un coup de mine ; il est alors en position directe (*). Nous avons constaté, en rapprochant la position des croûtes de coke des effets mécaniques observés à leur voisinage, que la position inverse du coke était assez générale. La portée de cette règle semble cependant diminuée par des observations nombreuses faites dans les fosses sinistrées de Courrières. Des bois ont été fréquemment rencontrés qui portaient du coke sur leurs deux faces ; ou bien, dans un tronçon de galerie donné, deux bois voisins avaient reçu un dépôt de coke sur des faces contraires. On peut tenter d'expliquer ces anomalies de différentes manières. Dans bien des cas, l'enchevêtrement des galeries permet de supposer qu'un tronçon de galerie donné a été (*) Le coke en position directe a été remarqué notamment par M. Weiss, lors de l'inflammation des poussières à la fosse n" 5 de Courrières, le 24 juillet 18!)'i.
LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES
439
parcouru par deux chasses gazeuses, successives et contraires, qui lui sont arrivées par deux chemins différents. On peut invoquer aussi une recrudescence locale de l'explosion, qui produit en retour, sur le chemin déjà parcouru par elle, des effets contraires à ceux de son passage direct. Enfin on peut considérer le dépôt sur l'une des faces d'un bois comme un dépôt normal, celui de l'autre face étant une bande étroite cokéfiée. Nous avons décrit précédemment la forme de ces dépôts de poussières, à section droite triangulaire. Si l'on admet la théorie anglaise (*) qui place les bandes étroites face à l'explosion, quand on rencontre deux dépôts de coke opposés sur le même bois, l'un à section triangulaire, le second en plaques larges, on peut se retrouver dans le cas général, le premier dépôt étant une bande étroite en position directe, cokéfiée par suite d'une chaleur particulière en cette région, le second étant du coke normal en position inverse. Si, comme le veulent d'autres observations (**), la bande étroite se dépose toujours en position inverse, comme le coke, auquel elle fait suite quand il disparait à l'extrémité de la flamme, la présence sur les faces opposées d'un même bois d'une bande étroite et d'une croûte de coke est anormale au môme titre que la présence de deux croûtes opposées sur le même bois, et les deux faits restent également obscurs. Quand un de ces exemples de croûtes de coke discordantes se présente, fait anormal en principe, mais fréquent en pratique, il est donc bien difficile de déterminer dans lequel des cas précédents, croisement de flammes, explosion en retour, bandes étroites, on doit le
(*)
Report on the Tal/e o' W Bill Explosion, 1901. Rapport sur la catastrophe de la Boule, 1887.
W.-N. ATKINSON,
(**) V. WATTEYNE,