Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1908, série 10, volume 13)

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LE PÉTROLE DE ROUMANIE

ET LE CONGRÈS DE BUCAREST

les prix du lampant se maintinrent dans cette période entre 11 et 13 francs. La Société Américaine, qui avait terminé en 1905 sa raffinerie de Ploesti, adhéra tout d'abord au cartel; elle se retira en 1906, prétextant l'insuffisance de son contingent ; les cours baissèrent de 2 francs dès le début de 1907. Maîtresse de ses moyens d'action, la Société commença à appliquer son système de ventes directes ; la baisse s'accentua ; en décembre 1907, les cours s'affaissèrent à 6 fr. 50 et 7 francs, contre 12 et 13 francs en décembre 1906. Plusieurs raffineries sollicitèrent l'intervention de l'État ; on proposa même de lui confier le monopole du commerce intérieur, afin d'obtenir tout au moins la fixité des prix ; ce recours au monopole de l'État comme moyen de salut, émanant d'un groupe de raffineurs, ne laisse pas d'être assez caractéristique du désarroi actuel. L'avilissement des cours n'affecte d'ailleurs que les ventes intérieures du lampant ; le prix du pétrole d'exportation se maintient à un chiffre assez normal de 6 fr. 50 à 7 francs. Le cours du pétrole brut est de même très ferme (4 francs à 4 fr. 50). Cette fermeté des prix du pétrole brut est due, en dehors des circonstances favorables de l'ensemble du marché mondial, à l'action de la Société Roumano-Américaine elle-même. Dès le début de son activité en Roumanie, elle a poussé tout à la fois à la hausse du brut et à la baisse du lampant. Les cours du premier, avant 190 1, ne dépassaient guère 3 francs et avaient même fléchi un moment aux environs de 2 francs; depuis l'entrée en scène de la Société Américaine, et grâce aux prix élevés offerts par elle pour sa raffinerie de Ploesti, les cours se sont maintenus entre 3 fr. 50 et 4 francs. Cette politique, très goûtée naturellement des petits exploitants, atteint directement les raffineurs. C'est l'application du système classique qui a permis à la Standard d'écarter tous ses rivaux ; Société de raffinage

avant tout, elle favorise l'exploitation, mais évince la fabrication concurrente . La lutte vient à peine de s'ouvrir et il est difficile d'en préciser l'issue ; il ne faut pas oublier d'ailleurs que la Société Roumano-Américaine occupe encore en Roumanie une place effacée. Sa production en 1907 était de 88.000 tonnes seulement, accusant pourtant une augmentation notable (45.000 tonnes) sur celle de 1906. Sa raffinerie de Ploesti n'a traité, en 1905-1906, que 65.000 tonnes, chiffre bien inférieur à ceux de la«Steaua Romana », de 1' « Aurora » et de la « Vega ». Quoi qu'il en soit, ces incidents divers, qui pourraient passer inaperçus s'il s'agissait de toute autre Société, prennent une importance spéciale lorsqu'ils sont provoqués par une filiale de la Standard. La lutte est peut-être passagère, mais elle présente un intérêt tout particulier et mérite d'être suivie. Résidus. — Nous avons indiqué, en 1905, l'importance considérable de la question des résidus dans un pays qui ne possède d'autres ressources en combustible que ses forêts et quelques exploitations de lignite (*). Les raffineries sont directement intéressées au développement de la consommation des résidus : ceux-ci représentent, en effet, 48 p. 100 du total des produits fabriqués. Les Chemins de fer roumains sont à ce point de vue le meilleur client des raffineries. Nous avons, dans notre précédente note, fourni quelques renseignements sur la valeur des résidus comme combustible, sur les expériences du début et sur les premiers appareils adoptés. Nous nous bornerons à faire connaître les résultats obtenus depuis lors et les modifications apportées. Sur 512 locomotives existant en 1903, 373 étaient déjà amé{*) L'extraction du lignite est d'environ 120.000 tonnes; la mine de Wgineauca en fournit 90.000 tonnes.