Annales des Mines (1908, série 10, volume 13)
Page : Image 64
Révision de 19 déc. 2014 18:52:05, edited by Anonymes
124
REVUE
DES
ACCIDENTS
D'APPAREILS A
VAPEUR.
tôles ont été chassées par le flux brûlant. Il est permis de se demander si elles étaient convenablement assujetties et même si elles étaient réellement en place. Quoi qu'il en soit, on voit àvec quel soin il importe de barrer aux fluides brûlants toute issue vers les chauffeurs. Le 21 août 1904, le premier chauffeur d'un paquebot a été assez grièvement brûlé par suite d'une fuite violente qui s'est produite sur une chaudière Belleville, à l'un des emmanchements coniques par lesquels les boîtes inférieures des serpentins vaporisateurs se greffent sur le collecteur transversal à section carrée. Le joint perdait; le premier chauffeur avait entrepris de le resserrer, alors que la chaudière était en pression. La cause qui a subitement amené une fuite violente n'a d'ailleurs pas été précisée avec certitude; toutefois on a constaté, après l'accident, que la chemise conique en nickel interposée dans l'assemblage était rompue. Les emmanchements différentiels, plus ou moins analogues à ceux des tubes à fumée amovibles du système Berendorf, demandent à être soigneusement ajustés; de plus,- il est indispensable que des précautions soient prises contre l'éventualité de leur déboîtement, par l'addition de pièces efficaces pour les retenir en place, même dans le cas où toute adhérence par frottement disparaîtrait. Ces principes sont bien connus. Deux regrettables accidents, survenus sur la Seine, en ont renouvelé la démonstration. Le premier de ces accidents est arrivé le 9 janvier 1900, sur un remorqueur qui se trouvait à l'île Saint-Denis. La chaudière de ce bateau était à tubes d'eau et à retour de flamme, du type Charles et Babillot. Les tubes vaporisateurs, de 130 mm de diamètre, renfermaient chacun un tube à fumée amovible, de 75 mm. L'appareil, timbré à
REVUE
DES
ACCIDENTS
D' APPAREILS
A
VAPEUR
125
8 kg, avait été mis à bord en 1898. A la suite de quelques voyages, au cours desquels des réparations sur lesquelles nous ne sommes pas fixés durent être faites, on reconnut, vers la fin de 1899, que les tubes inférieurs du faisceau vaporisateur avaient pris une flèche de 3 ou 4 mm vers le haut, circonstance qui pouvait être de nature à entraîner un portage défectueux des surfaces d'emmanchement des tubes à fumée. Ceux-ci furent retirés, et l'on procéda au nettoyage et à la rectification de leurs portées. Cette dernière opération fut effectuée simplement à la lime. Les tubes furent ensuite remis en place. Le 9 janvier, on mit la chaudière en pression pour un essai de fonctionnement de la machine. Peu après le commencement de cet essai, un léger bruit s'étant fait entendre dans le fourneau de la chaudière, on ouvrit la porte de droite de la boîte à fumée pour voir si ce bruit ne provenait pas d'une fuite à un tube. Puis on arrêta la machine. C'est quelques instants après que l'accident se produisit : un des tubes à fumée, appartenant à la moitié gauche de la rangée inférieure, se déboîta et fut projeté dans la chaufferie; il ne fut arrêté dans cette projection, après être sorti de presque toute sa longueur, que par un rebroussement de sa bague conique postérieure. L'examen du tube a montré que la bague conique antérieure, la seule qui ait pu être visitée immédiatement après l'accident, n'avait pas été serrée dans son logement sur toute l'étendue de la circonférence, mais seulement sur quelques parties, qui se distinguaient par leur aspect brillant, tandis que le reste était terne. Le tube situé au-dessus, démonté et examiné à titre de comparaison, a montré aussi sur son cône terminal antérieur les traces d'un serrage imparfait, et, quant au cône postérieur, il ne présentait aucune trace de serrage. On s'explique donc aisément que le tube n'ait pas été retenu en place par l'adhérence. Mais son départ aurait